Nicklaus hocha de la tête négativement en répondant:

- Non, pour moi on peut aller se coucher.

L'allemand sembla réfléchir un instant, alors le brun profita de l'observer, à tson tour. Les jeusx de lumières que les flammes dessinait faisaient ressortir les traits fins du visage de Nicklaus, et Pierce ne pouvait qu'apprécier la vue. Qvec l'obscurité qui les enveloppait, le feu n'éclairait que peu aux alentours, la nuit étant sombre de part les nuages sombres dans le ciel, et le noiraud n'en était que plus visible Ses mèches de cheveux cachaient un peu son visage, et ça lui donnait un charme mystérieux. Finalement, il haussa les épaules en ajoutant:

- Je voyage très peu ; si je le fais, c'est en général qu'il y a urgence, donc je fais de grosses journées à cheval et quand je m'arrête, je me repose. C'est assez rare que j'aie besoin de m'occuper.

Même en déplacement, il cherchait à être efficace hein? Ça ne l'étonnait pas vraiment, le connaissant. Il rigola doucement an répondant:

- Eh bien, toujours dans l'efficacité hein? Profite de ces quelques jours pour faire ce que tu veux, c'est le moment. Et si ça continue, j'vais me sentir obligé de te kidnapper régulièrement pour que tu te reposes et prenne du temps pour toi. Conclut-il d'un sourire moqueur.

L'odeur de pluie qui approchait doucement le rappela à l'ordre, s0'il voulait pouvoir s'endormir sans être trempé, mieux valait bouger rapidement. Il ajouta, en se relevant doucement:

- On peut s'installer au lit, si ça te convient, et on peut continuer de parler un peu.

Désormais redressé, il étira encore un peu son dos qui n'avait pas beaucoup apprécié sa position assise, puis fit quelque pas sur le côté du feu pour atteindre ses affaires. Il déplia son sac de couchage, qu'il étala près du feu, avant de s'y glisser. Il se cocha sur le côté, le coude replié et posa sa tête sur sa main, légèrement redressé, en direction du feu.

Nicklaus lui lança un regard inquisiteur en plissant les yeux avant de lui demander:

- Tu n'vas tout de même pas dormir sous la pluie, hein ?

Zut, allemand avait remarqué qu'il pleuvrait bientôt aussi. Pierce s'en doutait, mais il aurait voulu éviter le sujet, bien qu'il doutait que l'autre homme n'aurait pas lâché le morceau si facilement...
De son ton moqueur habituel, il lâcha:

- Boh écoute, au pire ça fera comme si j'étais resté dans l'eau, non? Conclut-il d'un petit rire qu'on pouvait deviner, si on le connaissait, nerveux.

La vraie raison cependant? Il aurait bien aimé rejoindre la tente de Nicklaus, réellement, mais avec le passé qu'il avait? Il aurait surement mal réagi, se retrouver si proche d'un autre homme pour dormir l'aurait surement mis mal à l'aise.
A sa place, il aurait plutôt voulu garder une distance des autres personnes. Par contre même si avec son propre passé il évitait de dormir près d'autres personnes, lui-même aurait apprécié être près de Nicklaus, mais il doutait que ça soit le cas.Mais il voulait éviter d'avoir à parler des possibles inconforts de l'allemand, alors comme souvent, il tournait ça en blague. Le brun espérait juste que le contrebandier n’insisterait pas...

L'allemand désigna la tente d'un geste du menton, et d'un ton beaucuop plus doux, reprit la parole:

- Y'a assez de place pour deux, tu sais. Et on peut mettre les sacs entre nous.

Pierce ne répondit pas tout de suite, le temps de réfléchir à la proposition de l'allemand. Est-ce qu'il pensait que lui même était mal à l'aise de dormir à ses côtés ? Il ne voulait pas qu'il croie quelque chose de faux à son sujet, pas qu'il mette des barrières inutiles après coup. Il réfléchit un instant puis, doucement, juste assez pour qu'on l'entende, répondit :

- Tu es sûr que ça ne te met pas trop mal à l'aise que je partage ta tente ? Je peux sans problème dormir sous la pluie, ne te force pas pour moi.

Son ton était presque timide sur les derniers mots, il ne ovulait pas que Nicklaus se sente blessé ou vexé qu’il suppose ce genre de choses à son sujet, mais... il préférait être vraiment sur que c'était ok, il ne se la pardonnerait pas de savoir lui avoir ruiné sa nuit de sommeil avec ce genre d'inquiétude.

Nicklaus détourna les yeux un instant, était-il mal à l'aise? L'écossais espérait vraiment qu'il ne prenne pas mal sa remarque... Le noiraud passait sa main dans ses cheveux, pensif, puis répondit, hésitant:

- Non, je... On mettra les sacs entre nous, c'est tout. Il détourna le regard, observant son cheval, et continua: J'ai confiance en toi, sur ce sujet.

Pierce sourit doucement. Que Nicklaus dise ça à son sujet avait... beaucoup de valeur à ses yeux, vraiment. Lui-même savait à quel point il était difficile de faire confiance à quelqu'un sur les sujets délicats. Il hésita encore quelques secondes, puis répondit doucement:

- Merci.

Le remerciement était plus pour la marque de confiance que pour la nuit sous tente, mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir. Comme pour le réveiller un peu, quelques gouttes de plus commencèrent à tomber, alors Pierce se releva, et amena en premier ses affaires sur le bord de la tente, Nicklaus pourrait les ranger où bon lui semblait. Finalement, il attrapa son sac de couchage et vient ramper sous sa tente, an lançant:

- Je ne traîne pas trop, du coup, si je tombe malade, je suis sur que mon patron ne va pas être très content. Conclut-t-il d'un sourire moqueur, en installant son sac de couchage.

Nicklaus sourit en le raillant:

- Effectivement, il ne laisserait sûrement pas passer ça

Un sourire moqueur apparut sur les lèvres de l'écossais à sa réponse tandis qu'il continuait de s'installer. Le sac était en place, sa minette s'était collée entre le bord de la tente et lui, alors il se se glissa entre les épaisseurs de tissu et retira rapidement se chemise, avant de se coucher, légèrement tourné vers Nicklaus qui... Oh.
L'allemand était en train de se déshabiller. Il était logique de ne pas dormir dans ses habits inconfortable, mais le brun n'y avait juste pas pensé que du coup, et bien... il se déshabillerait à côté de lui. Il avait déjà presque entièrement enlevé sa chemise, et Pierce, bien qu'il ne le fixait pas directement, put observer son torse entièrement nu pour la première fois et, y'avait pas à dire, il était magnifique. Dans un autre contexte, il aurait adoré venir poser ses mains et ses lèvres dessus, mais il savait très bien que c'était beaucoup trop tôt. Et... les muscles de l'allemand étaient déjà bien assez tendus comme ça, pour rien au monde il n'aurait voulu le tendre encore plus.
L'écossais put détailler brièvement un peu mieux sa cicatrice, sur le tore, qu'il n'avait pas encore réellement vue de ses yeux, et... elle lui rappela étrangement une autre marque.
Rapidement, le noiraud défit son pantalon et l'enleva, avant de se glisser en caleçon dans son sac de couchage.
Cet homme était tout bonnement magnifique, et le brun dut se retenir de ne pas lui faire la remarque, mais vu le contexte, ça aurait surement été mal perçu.

Du coin de l’œil, l'écossais remarqua à sa cheville droite une lanière de cuir et un petit poignard. C'était avec celle là qu'il avait été menacé, d'ailleurs, derrière le Saloon. Le fait que l’allemand dorme avec ne l'étonnait pas, surtout en déplacement, et encore plus avec quelqu'un dans sa tente. Et bon, Pierce n'était pas différent non plus, il optait juste pour en général poser son arme sous son coussin, ou a portée de main dans son lit, mais jamais bien loin non plus.
Il laissa quelques secondes à Nicklaus, qui avait l'air toujours très tendu, avant de très doucement demander:

- Dis, est-ce que... je pourrais te poser une question? Tu as le droit de ne pas répondre hein. Il marqua une pause, puis questionna: La... marque que tu as sur le torse, c'est le même motif que celle de Narcisse, non? Pourquoi?

C'était... curieux. Surtout que la marque de Nicklaus avait été faite par quelqu'un en Europe, contre son gré, Et Narcisse était né ici, il l'avait eu jeune, donc... quel était le lien? La raison?

Le contrebandier passa la main dans son cou, un peu gêné visiblement, et Pierce espérait que ça n’était pas la question de trop. Hésitant, le noiraud répondit:

- C'est... Un genre de promesse que je lui ai faite.

Une promesse... ça voulait donc dire que c'était lui qui l’avait faite, mais pour quelle raison? L'écossais voulait en savoir plus, mais il n'oserait pas demander, c'était à l'allemand de parler s'il le désirait. Après un petit silence, il reprit la parole:

- Il a été pas mal malmené par son ancien propriétaire, et traité comme... du bétail.
Il hésita, ajouta d'une voix plus basse, blanche : On a ça en commun. J'voulais que ce symbole soit celui... d'un genre de nouveau départ. Un genre de will to go pour continuer à résister à ce genre de choses. C'était ma façon... de donner un autre sens à cette marque, si on veut.

Pierce s'était tourné en direction de Nicklaus, pendant qu'il parlait, et l'observait doucement tandis qu'il racontait cette histoire. Donner un autre sens à cette marque, c'était... compréhensible. Très compréhensible Essayer de se réapproprier son passé et ses mauvaises expériences était quelque chose qu'il avait connu, et tenté, lui aussi. Parfois en vain. Souvent, même. Distraitement, machinalement, il caressait certaines de ses cicatrices, quand Nicklaus reprit:

- J'suis pas vraiment fier de ce choix. Mais j'avais plus vraiment envie de me battre à cette époque ; je me serais laissé entraîner dans la première merde venue, surtout si elle paraissait dangereuse et potentiellement mortelle. Mais Narcisse, c'était tout un symbole à mes yeux. C'était la première "chose" qui m'appartenait vraiment depuis que j'avais quitté ma maison donc... Me battre pour lui, ça c'était faisable. J'voulais pas l'entraîner à ma suite. Donc j'lui ai fait la promesse qu'on ne serait plus jamais traité de la sorte. C'est un peu idiot, je sais.

L'idée du contrebandier tellement mal dans sa peau qu'il se laisserait entrainer dans quelque chose de mauvais, presque en cherchant le danger, fit parcourir un frisson désagréable dans le dos de l’écossais. Il savait trop bien ce que ça faisait, comment on se sentait à cet instant, et aurait préféré que l'allemand n'ait jamais eu à vivre ça. Mais dire que son choix était idiot? Bien au contraire, c'était plus que compréhensible. Et trouver une envie de continuer avec un animal, pour léviter de l'entrainer dans sa chute, eh bien... c'était ce qui l'avait maintenu en vie, lui aussi, même si les raisons étaient sensiblement différentes.
Le contrebandier regardait le plafond de la tente sans bouger, craignant peut-être la réaction du brun. Alors doucement, il répondit:

- Je ne trouve pas ça stupide du tout, loin de là. Tu n'es pas le seul à avoir tenté de te réapproprier ton passé d'une manière que... les gens normaux ne comprendraient pas. Il resta pensif un instant, rependant à ses propres actions, puis reprit: Il n'y a pas à être fier ou pas, c'est... ce qui te semblait être le mieux pour toi à cet instant, et je trouve que ça a du sens.

Il laissa quelques secondes de silence passer entre eux, puis, souriant doucement, ajouta:

- Merci de m'avoir permis d'en apprendre un peu plus sur toi, et ton passé. Et doucement, presque inaudiblement, murmura: C'est toujours très précieux pour moi.

Nicklaus l'avait observé quelques secondes, avant de ramener son regard sur le plafond de la tente, pensif. A quoi pouvait-il bien penser? Sans le regarder, l’allemand lui demanda doucement:

- C'était quoi, ta manière à toi ?

Pierce détourna le regard immédiatement, il ne s'était pas attendu à ce qu'il pose cette question. Étant donné qu'il l'avait mentionné, c'était prévisible, mais ça ne s'était pas encore connecté dans son esprit avant que le noiraud le lui demande.
Pouvait-il réellement en parler? Sa main caressait son avant-ras gauche par automatisme, détaillant les détails de sa peau et du relief qui s'y trouvait. Nicklaus avait eu des mauvaises expériences aussi, normalement il ne devrait pas juger, non? Pas forcément comprendre, mais... au moins avoir la décence de ne pas réagir mal. A cette réflexion, le brun se demandait si... il ne le verrait pas différemment. Il ne voulait pas passer pour quelqu’un de faible, mais à ce stade, foutu pour foutu...
Après de longues dizaines de secondes, où le seul bruit qu'on entendait était celui de la pluie sur le tente, il prit la parole, doucement, hésitant, sans oser croiser le regard de Nicklaus:

- Tu as retenu je pense que la plupart des trahisons que j'ai eu se sont soldées par une lame plantée dans mon corps, je pense. Ça n'est pas forcément cet acte en soi qui a fait le plus mal, plutôt le contexte dans lequel c'était, mais à défaut de pouvoir revenir dessus, disons que... Ses muscles se crispèrent et son regard restait fixé sur les sacs qui le séparaient de l’allemand, et timidement, hésitant, il continua: Il m'est assez souvent arrivé d'essayer de me réapproprier ce genre d'actes de mes mains, sur moi-même.

Un silence passa, où il n'osait pas bouger, encore moins regarder Nicklaus. Que pensait-il de lui maintenant? C'était ridicule, comme actions, et il en était facilement honteux. Il espérait vraiment qu'il ne réagirait pas négativement, il n'était tout simplement pas prêt à être plus vulnérable qu'il ne l'était déjà, ayant tout d'un coup l'impression d'être tout petit. Ne voulant pas trop inquiéter le noiraud sur son état actuel, il ajouta doucement:

- Si ça peut te rassurer, bien que ça soit encore récent, ça n'est pas arrivé à nouveau depuis que je suis au Red Dog.

L'écossais avait toujours le regard dans le vide, mais il était à peine moins crispé qu’avant. La réalisation de son changement de bien-être depuis qu'il était arrivé ici lui avait presque fait penser à autre chose. Définitivement, il ne regrettait rien.

Nicklaus répondit doucement, après quelques instants:

- Tu n'as pas besoin de me rassurer, ça ne concerne que toi. Et... ça ne change rien à ce que je pense de toi. Quasi inaudible et dans un souffle, il ajouta : Je t'admire.

L'allemand avait détourné le regard, il était probable que les derniers mots qu'il avait prononcés lui avaient échappé.
Pierce fronça les sourcils. Il... l'admirait? De toutes les personnes qu'il avait connu, Pierce n'aurait jamais pensé que lui serait perçu comme admirable. Sa vie avait été une suite d'échecs, mais où, et bien... il n'avait pas réellement essayé de faire mieux. Limiter la casse, oui, mais il aurait pu faire mieux, à plusieurs occasions. Il s'était juste laissé trainer par la vie, restant dans ce qu'il avait toujours connu, à défaut de mieux. Alors que quelqu'un lui dise l'admirer, et Nicklaus en plus, c'était... déstabilisant. D'un ton un peu cynique, il répondit:

- Je n'aurais de loin pas utilisé admirable comme adjectif à mon sujet, mais, si c'est ce que tu penses de moi, eh bien... il adoucit un peu son ton, et doucement reprit: peut-être que je peux y croire un peu.

Il resta silencieux quelques instants, puis, un sourire tendre au lèvres, il ajouta:

- Mais c'est plutôt toi que j'admire, à vrai dire. Il ramena son regard sur le contrebandier et reprit: Moi, ce qui m'est arrivé, j'aurais pu en prévenir une partie, mais toi... même en ne faisant rien, la vie a continué de te tacler au sol, alors que tu essayais de faire les choses bien. Et malgré tout ce qui t'es arrivé, tu es toujours là. Je ne pense pas que j'aurais eu ce courage, à ta place.

En avait-il un peu trop dit? Peut-être, ça faisait beaucoup, mais... c'est réellement ce qu'il pensait. A chaque fois que l’allemand parlait de son vécu, il n'y avait jamais rien qui se passait bien, alors qu'il essayait réellement de faire les choses bien. Pierce lui avait rapidement laissé tomber, mais Nicklaus lui avait essayé, sans se rapprocher de personnes, et avait pourtant continué de se retrouver dans des situations pires que celles qu'il avait connu avant? Non, réellement, c'était lui qu'il admirait, et il voulait qu’il le sache.

- Si tu le dis. Répondit Nicklaus.

Ses mots étaient simples et ne laissent pas la place de rajouter quelque chose d'autre. Il n'y croyait pas, hein? Pierce sourit doucement, le jour viendrait, peut-être, où il y croirait. En attendant, ça n'étais pas bien grave. Le chemin était toujours long, et lui-même n'était de loin pas sorti d'affaire... Mais au moins, chacun à leur manière, ils étaient là l'un pour l'autre. Et lentement, très lentement, ils s'ouvraient, et s’apaisaient

Le silence retomba entre les deux hommes, et le seul brui qui brisait ce calme étaient les gouttes de pluie sur la toile de la tente, qui berçait doucement écossais vers un repos bien mérité. Par dessus ce bruit, il écoutait les lentes respirations de l'allemand, qui semblait s'être endormi peu avant, et c'était terriblement apaisant. Il ne s'était pas imaginé autant apprécier dormir aux côtés de quelqu'un, et félicitais presque son oubli de tente pour ce voyage. Il tourna la tête en sa direction; un léger sourire ornait son visage, et il semblait si calme tout d'un coup. C'était une vue rare, et Pierce ferait tout ce qu'il pouvait pour que cet homme puisse être plus apaisé. Son sourire s'élargit un peu, définitivement, il était facilement protecteur, hein? Il n'avait qu'une seule envie; se rapprocher de lui et le serrer dans ses bras, pour la garder collé à son torse, et dormir comme ça. Mais il se doutait bien qu'une quelconque tentative d'approche dans ce contexte se solderai par un poignard sous sa gorge, au mieux. Alors à défaut, pensant doucement à l'homme en face de lui, il s'endormit, apaisé.

Après quelques minutes, supposait-t-il, il entendit des bruits en dehors de la tente. Pas juste à coté, mais dans la clairière, et ça n'était pas un animal. C'était un homme, au moins un. Fait étrange, Taogan n'avait rien dit, alors qu'en général, si un humain s'approchait du camp, il hennissait. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer?
Il jeta un coup d’œil au contrebandier qui dormait toujours, et attrapa doucement son propre poignard sous son coussin. Après avoir attendu d'être sur que la personnne se soit éloignée, il sortit discrètement de la tente, mais entre le bruit de la pluie, qui ressemblait plus à un déluge, et la nuit sombre, il ne voyait rien, si ce n'est des traces de pas au sol. Accroupi, il les suivit, le plus discrètement possible. Il avait hésité à réveiller l'allemand, mais il avait peur qu'il fasse de bruit en demandant ce qu'il se passait, alors que seul, il se savait direct. Il suivait les traces au mieux, mais celles-si disparurent dans la boue, sur un chemin un peu plus en contrebas que leur campement. Jurant intérieurement, il scruta les alentours quand soudain, par derrière, un homme lui passa un couteau sous la gorge. Comment ne l'avait-il pas entendu venir?!
Il sa battirent violemment, mais rapidement Pierce réussit à le maitriser et à lui trancher la gorge, cloué au sol. Reprenant son souffle un instant, un bruit plus haut l'alerta, il n'était pas venu seul. Nicklaus dormait toujours! Se relevant en un geste, il accourut, remontant le petit chemin qui les séparait, et à son horreur trois hommes avaient éventré sa tente et tentaient de maintenir Nicklaus su sol, un bars retourné dans le dos, plaqué au sol, qui se débattait difficilement. Le brun tenta de le rejoindre, mais deux hommes qu'il n’avait pas vu l'attrapèrent avant qu'il l'atteigne, et il n'arrivait pas à s'en défaire, peu importe à quel point il tentait de les combattre. Et là, au milieu des bruits de la bagarre, un coup de feu retentit.Pierce se retourna tant bien que mal, et la seule chose qu'il vit était le corps de Nicklaus sans vie, au sol, le regard vide, dans une flaque de sang qui ne faisait que grandir Sous le choc, ses jambes lâchèrent et il s'écroula au sol. ça n'était pas possible, pas lui, pas maintenant! Et tandis que ses ongles se plantaient dans le sol, la texture de celui-ci le fit sursauter et il se redressa, en un geste, avant se se prendre la toile... du plafond de la tente?

Ça n'était qu'un cauchemar. Ça n'était pas réel. Lentement, n'osant pas regarder de peur de ce qu'il y verrait, il se tourna sur sa droite, et fut soulagé de voir l'allemand qui, semblait-il, dormait paisiblement sur le dos

- N-... Nick? Murmura-t-il doucement, hésitant.

Il avait besoin d'être sûr qu'il était vivant, mais il n'osait pas franchement le réveiller. Alors il resta là, à moitié assis, tourné vers lui, à scruter le moindre mouvement qui le rassurerait.

Nicklaus bougea enfin un peu, soupirant légèrement en tournant la tête plus loin. Pierce, quant à lui, recommença à respirer après un soupir. Son cœur battait toujours beaucoup trop vite, mais.. ça allait un peu mieux, maintenant qu'il savait que l'allemand allait bien.
Il resta assis comme ça, quelques instant, détaillant celui qu'il avait cru perdre quelques secondes auparavant. Ça lui était toujours arrivé dans sa vie de faire des cauchemars où ceux à qui il tenaient mourraient, mais c'était... rare. Ça avait commencé quand il avait perdu sa famille, mais en général, c'était ses animaux qui étaient au centre de ses rêves, que ça soit à nouveau un humain était... déstabilisant. Mais Pierce savait très bien pourquoi Nicklaus se retrouvait dans ses cauchemars, et il n'était presque plus dans le déni. Presque, hein, fallait pas pousser non plus.

Il avait envie de caresser le visage du noiraud, repousser une mèche de cheveux qui cachait son visage, mais il avait trop peur de le réveiller. Alors doucement, il se recoucha. Mais ça ne suffisait pas, il n'arriverait pas à dormir comme ça, il était toujours beaucoup trop angoissé. Il voulait éviter une insomnie cette nuit, s'il pouvait éviter d'être complètement endormi le lendemain, ça serait bien, il voulait profiter de ces journées avec le contrebandier.
Alors sans un bruit, il poussa le sac, qui était entre eux deux à la hauteur de leur torse, plus bas, et se rapprocha du contrebandier. Il marqua une pause, hésitant, puis appuya très légèrement sa tête contre son épaule, observant la moindre de ses réactions. Il ne voulait absolument pas le faire paniquer ou le réveiller, mais il avait besoin de le sentir contre lui, il avait trop peur de le perdre.

Pendant les première secondes, il retenait sa respiration puis, en voyant qu'il ne semblait pas se réveiller, il s’autorisa à respirer à nouveau. Ses doigts crispés lâchèrent doucement la couverture qu'il tenait fermement et, sans bouger, il ramena son attention à la respiration de l'allemand. Elle était toujours calme, bien qu'à peine moins qu'à son endormissement, mais après quelques minutes, elle suffit pour qu'il se rendorme presque paisiblement.

Les premiers chants des oiseaux réveillèrent doucement l'écossais. Il n'était pas forcément un lève-tard, mais pas pour autant un homme du matin, alors, tentant de se cacher de la lumière qui tentait de pénétrer à travers ses paupières, il blottit sa tête un peu plus contre l'homme à côté de lui. Instinctivement, il caressa du bout des doigts l'avant bras sur lequel il avait posé sa main quelques longues secondes. Il était bien comme ça.
Il fallut quelques dizaines de secondes supplémentaires à Pierce pour faire le lien entre le peu de neurones qu'il avait à cette heure pour se rendre compte que la situation n'était pas habituelle, et les évènements de la nuit lui revinrent à l’esprit. Oh, ah, oui, le cauchemar. Nicklaus. Le Nicklaus contre qui il était. Apparemment, il ne s'était pas encore réveil, bien que ça paraissait étonnant. Mais s'il l'avait été, il aurait surement repoussé le brun, ou au moins fait une remarque, non?`Alors doucement, Pierce retira sa main de l'avant bras du noiraud, à contre cœur, et recula lentement, se recouchant à l'endroit où son sac était du début de la nuit.

Maintenant qu'il avait récupéré son emplacement initial, il pouvait détailler l'allemand un peu mieux, et la vue de son corps nu au petit matin était tout bonnement... magnifique. Sa peau avait l'air si douce, enfin, cette fois il le savait, elle l'était, et il aurait donné cher pour pouvoir venir glisser sa tête sur son épaule et son bras sur son torse. Mais il se sentait déjà terriblement chanceux d'avoir pu avoir cette proximité cette nuit. Ne l'avait-il vraiment pas du tout réveillé, même une seule fois? ça paraissait étonnant, ou est-ce que l’allemand aurait fait semblant, pour éviter de l'inconfort à l'un ou l'autre? Possible, mais il ne le saurait jamais.
Couché en face du contrebandier, il attendit encore quelques instants, et alors que les oiseaux commençaient franchement à se réveiller, il dit d'une voix douce, un sourire tendre aux lèvres:

- Hey Nick, c'est le matin, tu te réveilles, si ça n'est déjà pas le cas?

Avant même de répondre ou d'ouvrir les yeux, Nicklaus sourit doucement. Ah, ça voulait donc dire qu'il était déjà réveillé? Et donc... qu'il n'était pas contre ce rapprochement? Au milieu de la nuit, ça pouvait juste être de al pitié, mais au matin, rien ne le "forçait à rester près de lui, c'était donc que non seulement il le tolérait, mais que possiblement, il appréciait. A ces pensées, l'écossais sourit doucement. L'allemand ouvrit les yeux en croisant son regard, et répondit, moqueur:

- C'est pas moi la marmotte, en l'occurrence. Les premiers oiseaux n'avaient même pas commencé à chanter quand je me suis réveillé.

Ah, ça faisait un moment qu'il était réveillé, finalement. Pierce regretta d0'avoir dormi si tard, il aurait voulu profiter de cet instant collé contre lui plus longtemps, s'il avait su que ça ne le dérangeait pas, il serait resté.
Un sourire taquin aux lèvres, Nicklaus demanda:

- Bien dormi ?

Le brun soupira doucement en détournant un peu le regard, les images de son cauchemar lui revenant à l'esprit d'un coup. Bien dormi n'était pas forcément la meilleure description qu'il aurait pu donner, mais de pouvoir se rapprocher de lui contrebalançait largement le reste. Un peu moqueur, il répondit, le regard toujours ailleurs:

- Je pense que je ne t'apprends rien sur ma nuit mouvementée, mais... c'est bien la première fois que j'ai pu me rendormir si rapidement, en général il me faut quelques heures, ou une insomnie.

Ou encore écouter à travers le mur les mouvements de l'allemand, pour s'assurer qu'il ailles bien. Ou s'il n'entendait rien, passer devant sa chambre en hésitant à ouvrir la porte, pour vérifier qu'il soit bien dans son lit. Et les soupirs de soulagement qu'il camouflait à chaque fois qu'il l'entendait se lever aux premiers rayons du jour, épuisé par son insomnie, il n'en parlerait pas non plus. Pierce ramena son regard dans les yeux du contrebandier, et doucement, presque timidement, ajouta:

- Disons que... dormir avec toi est tout autant apaisant que ce que j'avais pu imaginer, si ce n'est encore plus. C'est pas plus mal que j'aie oublié ma tente, en fin de compte, je serais presque tenté de faire exprès la prochaine fois. Conclut-t-il d'un sourire légèrement moqueur.

Le brun hésita, de longues secondes. Il baissa un peu les yeux puis, doucement, se rapprocha à nouveau de Nicklaus, appuyant à nouveau sa tête contre son épaule, et posa lentement sa main sur son avant bras, comme avant, lui laissant la possibilité de s'en aller s'il le souhaitait à tout instant. Il demanda à son tour, d'une voix douce,les yeux fermés:

- Et toi, bien dormi? Je ne t'ai... pas trop dérangé? Termina-t-il, hésitant, craignant la réponse même si elle ne semblait pas aller dans un sens négatif.