Les marais de la mélancolie

Ce matin, Pierce et sa troupe se réveillèrent aux bruits de la pluie, comme depuis plusieurs jours. Depuis son lit de fortune, l'homme se félicita d'avoir pris le temps, au début de la construction de sa petite maisonnette, de penser à faire cuire de l'argile pour isoler son toit. Le bois qu'il avait utilisé était sec - autant qu'il puisse l'être dans un marais - mais la pluie aurait vite eu fait de le traverser.

Encore un peu endormi, il se leva et prépara tranquillement ; aujourd’hui allait être une journée de chasse. N’ayant pas encore pu prendre beaucoup le temps de stocker de la nourriture et de faire un potager, il fallait y aller régulièrement pour éviter de ne plus rien avoir à se mettre sous la dent. Il n’avait pas encore visité la ville d’ailleurs, il fallait qu’il y fasse un tour un de ces jours, l’important était surtout en premier d’avoir un toit correct sur la tête, et savoir où rentrer. De plus, désormais, il voulait offrir la sécurité à ses animaux, alors la maison avait été importante à faire en premier. Lui se suffisait bien d’une tente s’il fallait, mais il était vrai que de dormir sur ses deux oreilles était un luxe qu’il n’avait pas toujours connu et qu’il appréciait doublement.

Avant de sortit, il décidé d’y laisser Caelan, son fidèle compagnon, à l’intérieur. Il avait commencé à lui montrer la région, mais il était assez tendu à cause de tous ces changements, et Pierce voulait éviter que celui-ci ne l’écoute pas pendant la chasse et fasse fuir les proies, surtout si c’était des grosses, que le compagnon canin n’arriverait pas forcément à rattraper et achever lui-même. Il le laissa donc dans la maison avant de la quitter et la verrouiller.

Taogan broutait tranquillement à côté de l’escalier qui menait aux marais, légèrement abrité mais, ma foi, tout de même bien humide. La nuit, il pouvait vadrouiller si l’envie lui prenait, son box n’était pas encore prêt (satané pluie qui retardait ça !) et avec les crocodiles, mieux valait pouvoir fuir que de se retrouver attaché sans échappatoire…
Attendant tranquillement son cavalier. Celui-ci ne se fit pas attendre avant de lr ejoindre, le seller et de partir en quête de gibier.

La pluie rendait la chasse intéressante, cachant les bruits légers de pas, mais également les rendant plus sonores si on s’empressait, qu’on courrait ou galopait trop vite, mais rien de bien difficile pour l’écossais, qui retombait dans ses souvenirs d’enfance. Le mauvais temps était son environnement préféré, dans lequel il avait tout apprit, et il s’y sentait bien. Pourquoi avoir choisi les marécages pour y vivre les marécages ? Peut-être bien parce que l’humidité lui rappelait ses terres d’antan…
Entre deux accès de mélancolie, il arriva à tirer une petite foulque, mais ça n’allait pas beaucoup les nourrir

De son côté, Caelan attendait sagement à la maison. Le canidé, de taille moyenne, commençait enfin à réussir à se poser un peu et ne plus faire les cent pas quand on le laissait seul. Il considérait désormais la petite bâtisse comme son chez lui et prenait des habitudes oeu à peu. Il n’était pas fait pour l’enfermement dans une cage, mais là il pouvait bouger et sa nervosité était un peu plus au repos qu’au milieu d’un marais rempli d’animaux de partout, qu’il ne connaissait pas encore bien.
Encore fatigué, il somnolait au milieu du salon quand tout d’un coup, il entendit un cheval passer avant de s’arrêter non loin, suivi d’un humain mettant pied à terre. Les oreilles en alerte, il tenta de reconnaitre le bruit et l’odeur de ses compagnons, en vain. Alors quand il aperçut une silhouette regarder par la fenêtre, il sauta sur ses pattes et, le poil dressé, aboya et grogna, dans l’espoir de faire fuir la menace.

Malgré la pluie et le bruit en découlant, Pierce entendit de suite l’avertissement de son canidé, et même si celui-ci était vite stressé, il n’aboyait pas le vent comme ça pour autant, il préférait largement la fuite ou, du moins, se cacher et ne rien dire. Heureusement, il n’était pas loin et en quelques dizaines de secondes, il arrivait devant chez lui, en voyant quelqu’un devant sa fenêtre, accompagné de sa monture. La cavalière ne semblait pas encore l’avoir remarqué alors, toujours sur son étalon, il prit préventivement son revolver, sans le pointer, et s’adressa à la femme à quelques mètres de lui :

- Alors, t’en penses quoi de ma décoration ?

Son ton se voulait à la fois jouer, mais tentait de mettre en garde ; je t’ai vu, tu le sais maintenant, à toi de choisir comment notre échange va se passer. Mais il n’avait pas attaqué pour autant, lui-même aurait jeté un coup d’oeil à une nouvelle maison au milieu de nulle part…

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Les marais de la mélancolie

La cavalière face a lui semblait avoir remarque sa présence avant qu'il interpelle et avait aussi sa main posée sur son revolver. Elle tentait, en vain, de calmer Caelan, qui ne faisait que d'aboyer plus fort, avant de complimenter l'effet de surprise que ça ajoutait. C'était une bonne confirmation pour l'écossais, il n'avait jamais douté que d'avoir un gardien pour sa maison ait quoi que ce soit comme point négatif. Il siffla, sifflement très spécifique, pour indiquer à son chien que c'était tout bon et qu'il pouvait retourner dans son coin en silence. Après quelques derniers aboiements, il se t'ût enfin. Pierce avait tenté d'appliquer quelques enseignements à son chien, inspiré d'un peu tout dont les bergers de son enfance et leurs border collies, qui devaient entendre de loin, et cela semblait porter ses fruits.

- Allons, je ne faisais que chercher qui vivait dans ce trou immonde. J'avoue que l'endroit dois être très calme, mais... humide et, répugnant.

La femme, ainsi que sa monture, ne semblaient pas apprécier le coin, et à raison; qui d'autre que Pierce serait assez étrange pour venir aller habiter dans une flaque? Pas grand monde, et tant mieux, il préférait la tranquillité du coin en comparaison aux voisins trop envahissants.
Amusé par sa réaction, il laissa échapper un petit rire, avant de descendre de son étalon, atterrissant dans la boue qu'il ne calcula-même pas, ayant de longues bottes comme à son habitude, surtout quand il restait près de sa maison.
Enlevant sa main de son fidèle revolver, l'intruse ne semblant pas directement menaçante, il la salua en levant la main, montrant ainsi qu'il n'allait pas lui tirer dessus:

- Je comprends, la curiosité est un très bon défaut que je possède également!, ponctua-t-il d’un clin d’œil, Je m’appelle Pierce et je suis nouveau ici, et toi?

Taogan quant à lui observait l'autre cheval, il lui lança un regard poli et relativement neutre, au cas où celui-ci le regarderait directement, pour traduire une sorte de salutation tacite, mais tant que les cavaliers étaient occupés, il n'irait probablement pas plus interagir.

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Les marais de la mélancolie

La tension entre eux était un peu retombée, les présentations aidant en général. Le femme en face de lui leva la main pour se présenter et dit simplement:

- Jessie, enchantée. Je vis dans le coin depuis quelques années déjà.

Puis se retournant vers son étalon, le présenta à son tour.

- Et voici Mistake !

Pierce sourit en retour, il appréciait les gens qui présentaient leurs animaux directement, Jessie marquait un point dans son estime, c'était déjà un début.
Celui-ci d'ailleurs semblait un peu plus suspicieux que sa cavalière, observant Taogan qui l'avait salué, puis secoua sa crinière pour se détendre un peu.
Sa cavalièrelui demanda de s'approcher pour remonter sur son dios, visiblement mal à l'aise dans la vase des marécages. Comme quoi, l'idée de s'isntaller ici pous dissuader les cueirus avait été une bonne idée, du moins pour les moins téméraires.
Après s'être remise en selle, Jessie lui demanda:

- Que fais-tu ici, au juste ? Tu chasses le crocodile ?

Puis attendit sa réponse, les mains sur le pommeau de sa selle. Question sérieuse ou sarcastique? Il avait de la peine à le deviner, alors il demanda:

- Si c'est une question sérieuse, non je ne chasse pas particulièrement le crocodile. ou alors est-ce que ut demandais pourquoi ma maison est ici?

Il regarda son cheval un instant, qui semblait être un fatigué, alors il commença à le desseller, en reprenant la parole:

- Et sinon tu venais faire quoi dans le coin? Je n'ai pas encore eu beaucoup de visiteurs je t'avouerai.

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Les marais de la mélancolie

La femme rigola quelques instants suite à sa réponse, probablement avait-elle apprécié qu'il ne sache pas trop quoi répondre à sa question plutôt floue, puis se redressa avant de demander :

- Un peu des deux. Pourquoi s'installer dans un tel endroit ? J'avoue comprendre un peu mais, sans plus.

Pierce sourit, amusé. Oh, des raisons, il en avait plein, mais quelles étaient les réponses qu0'il lui donnerait? Après tout, il ne la connaissait pas du tout, et jusqu'à preuve du contraire, elle pouvait être une ennemie comme une future alliée, mais dans tous les cas, elle avait l'air tout autant curieuse que lui, donc mieux valait rester vagues sur ses motivations, et pourquoi pas entretenir un peu le mystère?

Mistake quant à lui semblait patauger dans la boue assez inconfortablement, quand il s'adressa au grullo :

- Je n'arrête pas de m'enliser dans cette sorte de boue dégoûtante ! T'as pas une solution, toi qui vit ici ?

Effectivement, ses pattes étaient couvertes de boue, et il ne semblait pas réussir à s'en sortir. A vrai dire, les marécages n'étaient pas tant humides que ça ces jours, mais pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude, c'était tout de même une sacrée flaque...
Un sourire un peu compatissant aux lèvres, presque désolé, Taogan répondit :

- Essaie de viser les pierres qui dépassent, normalement elles sont stables, où celles qui ont de la mousse sur le dessus, mais elles sont un peu glissantes. Évite de trop remuer une fois le pied posé, sinon tu t'enfonceras encore plus.

La cavalière tenta d'améliorer la situation de son cheval en le déplaçant sur une partie émergée de l'eau, un peu plus sèche, mais malgré tout, entre les moustiques et l’humidité ambiante, ses oreilles restées plaquées sur sa nuque et il semblait bien peu à l'aise. Une fois sur la terre ferme, si on pouvait l'appeler comme ça, elle reprit la parole, répondant à la question de l'écossais :

- Oh, tu sais... le Cimarron est tellement grand. Cela faisait longtemps qu'on m'avait parlé de cet endroit et, aujourd'hui semblait être le moment idéal pour le visiter.

Tiens, quelques indications en plus, vu ses dires, elle était probablement de la région. Et vu le nombre de visiteurs, il ne semblait pas à Pierce que beaucoup de personnes s'y aventuraient. Tant mieux, cela confirmait son choix de lieu de vie, définitivement. En tout cas, elle ne devait pas être vite impressionnable si elle avait le chemin jusqu'ici par simple curiosité...
L'attention de Jessie sembla attirée par sa maison, qu'elle observa avant de demander :

- Est-ce que le niveau d'eau a tendance à monter, ou bien ça reste stable tout au long de l'année ?

Pierce jeta un coup d’œil à sa maison. Effectivement, les pilotis étaient là pour se donner de la marge et éviter d'être submergé par les changements d'hauteur d'eau. jusqu'ici, il n'y avait pas eu beaucoup de changements, mais mieux valait prévoir tous les cas de figure, après tout, c'était sa seule maison et il y tenait un peu, quand même!

- Il y a quand même quelques fluctuations, à la fonte de la neige au printemps par exemple, et surtout lors de grosses pluies, mais je n'ai pas eu trop de problèmes jusqu'à présent. Mieux vaut être prudent cependant, et comme ça, ça m'évite que le sol moisisse à cause du contact avec de l'humidité permanente.

Il ramena son attention sur la cavalière et ajouta :

- Quant à mon choix d'habiter là, je préfère resté éloigné des foules et autres personnes et compter sur moi-même avant tout. A l’œil, je dirais que je ne suis pas le seul dans cette situation, lui lança-t’il, accompagné d'un petit regard en coin. Et toi, où résides-tu? Que fais-tu de beau ou moins beau dans la vie ?

Quitte à ce que quelqu'un trouve où il habite, autant essayer de mieux savoir qui était cette personne et grappiller quelques informations. Personne ne savait quand cela pourrait s'avérer utile et, après tout, les bonnes vielles habitudes ne partaient pas si facilement.

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