Nicklaus soutint son regard quelques instants avant de répondre tranquillement :

- C'est sûr qu'avec un menu aussi original, on ferait salle pleine à chaque fois qu'on le proposerait. Il sembla réfléchir quelques secondes avant de reprendre : L'idée en elle-même ne me déplaît pas, tu t'en doutes. Les affaires sont les affaires, je ne vais pas cracher sur l'originalité. Je me demande simplement à quel point c'est viable. Ça nécessite tout de même de grandes quantités de poissons, tu penses pouvoir en pêcher autant en un weekend ?

Pierce fit le calcul rapidement, mais à l’œil, cela lui semblait jouable. Et au pire, si les quantités étaient faibles, cela ferait simplement moins de marchandises, pas idéal, mais pas impossible non plus. Avant qu0'il puisse réfléchir plus loin ou répondre, l'autre homme continua, un air plus sérieux sur le visage d'un coup, rendant la conversation plus professionnelle d'un coup :

- Maintenant, le gros problème c'est que si on se lance là-dedans, certains voudront nous faire concurrence. Ils risqueraient de vouloir aller pêcher eux-mêmes dans les marécages. Pas sûr qu'ils ne découvrent pas ta maison, tôt ou tard. Imagine qu'ils s'y installent, on fera quoi ? Les déloger ? Et si ça tourne mal ? P'têtre que le Shérif nous donnerait un coup de main mais rien n'est moins sûr puisqu'on est en dehors des limites de la ville. Et même si on arrive à les déloger, qui nous dit que ceux qui se seront enfuis ne reviendront pas ?

Pierce ne put retenir un sourcil haussé de surprise, léger, mais inratable pour l'autre homme qui savait aussi bien scruter les expressions des autres que lui. Est-ce que Nicklaus s'inquiétait pour lui? Officiellement, il parlait de la maison. Mais en pratique, le seul touché était lui, et possiblement l'allemand aussi s'il venait à manquer le travail, mais il doutait que ses seules inquiétudes étaient professionnelles.
Lentement, il perdit son regard dans la pièce autour d'eux, avant de répondre doucement, d'un ton un peu lointain et mélancolique :

- Si j'avais voulu construire une forteresse impénétrable, je n'en partirais jamais pour personne ne puisse s'y installer et franchement... je n'aurais même pas essayé. Il haussa les épaules, un peu résigné, en ajoutant cyniquement Au bout d'un certain nombre d'infiltrations chez toi et tentatives d'assassinat, tu acceptes assez rapidement que aucun endroit n'est réellement sécuritaire et qu'au bout d'un moment, tu peux pas faire plus que tant. Il baissa les yeux, et lâcha après un petit rictus moqueur: Je n'en parle pas beaucoup, mais j'ai été plusieurs fois pris comme cible et traqué, ça ne serait ni la première, ni la dernière fois que je devrais déloger des gens ou me protéger, et je suis toujours là, dit-il en relevant les yeux vers l'allemand, d'un regard se voulant rassurant.

Le brun jeta un coup d’œil aux poissons, vérifiant leur cuisson qui avançait bien, et les retourna d'une spatule en bois pour qu'ils dorent uniformément ; pas question de louper ce repas ! Une fois fait, il s'avança un petit peu dans la pièce et reprit d'une voix calme et presque détachée :

- Aussi, ça n'est pas parce que je ne peut pas considérer un bâtiment impénétrable que je ne le protège pas, rappelle-toi que j'ai construit cette maison, j’ai pensé à deux trois détails, lança-t-il à Nicklaus en croisant son regard le temps d'un clin d’œil presque enfantin. Il se posta devant la porte d'entrée et pointa un espace en face de lui, contre le mur : Ici, derrière toi, un petit espace creux dans le mur me permet d'y installer des flèches reliées a un fil, passant sous la maison, qui s'active à l'ouverture de la porte, ou quand quelqu'un s'y emmêle le pied. Il y quelques emplacements comme ça dans la maison, que j’active si je pars longtemps. Il sourit doucement, Mais je te rassure, rien n'est activé et tu ne cours aucune danger. Mais je pense que tu l’avais déjà deviné. Je te montrerai comment désactiver les potentiels pièges demain, au cas où en mon absence, tu dois venir ici.

Il balaya les yeux de la pièce encore une fois, puis revint vers la cuisinière en continuant :

- En dehors de ça, je pose parfois quelques pièges à ours à l'intérieur, mes animaux les reconnaissent et les évitent, et ça évite que quelqu'un se sente trop à l'aise à l'intérieur s'il entre malgré tout. Et en théorie, si des gens viennent pêcher ici et qu'ils trouvent ma maison, ça ne devrait pas être des dangereux criminels, donc ils devraient vite laisser tomber, sans même parler de si Caelan est dans le coin ; avec les étrangers, c'est un vrai animal sauvage, c'est pas pour rien que je le laisse là, au moins les premiers temps. Ça permet d’éloigner les plus faibles, mais après, il court quand même le risque d'une balle dans la tête avec quelqu'un de plus assuré, donc ça m'embête un peu, mais bon, c'est le risque, conclut-il en haussant les épaules.

Laisser son chien seul ici le dérangeait, il avait peur que s'il lui arrive quelque chose, il ne puisse rien faire et revienne trop tard, mais à défaut d'endroit où l'amener... Il avait bien pensé à demander à Nicklaus de le laisser séjourner à l'écurie une fois celle-ci finie, mais il n'avait pas encore eu l'occasion.
Il reprit la parole, d'une vois un peu plus emprunte de danger qu'avant :

- Après, si quelqu’un veut vraiment voler ma maison, eh bien qu'il essaie. J'ai la connaissance du terrain, je sais quels sont les points forts et faibles de mon bâtiment, et j'ai même prévu des arbres près des fenêtres exprès pour pouvoir monter sur le toit ou entrer par effraction au cas où il y avait besoin. Et m’infiltrer quelque part en éliminant discrètement les occupants,c'est quelque chose que je sais relativement bien faire. Son regard de prédateur se posa quelques secondes sur Nicklaus avant de redevenir doux, presque innocent, alors qu'il ajouta : Et s'ils sont trop nombreux ou que j'estime qu'ils sont trop dangereux, je pourrais demander à la Ville, si je passe par Jean, je suis sûr qu'il pourrait me prêter quelques homme pour que je chasse les intrus. Je ne suis qu'un pauvre serveur, mercenaire à ses heures perdues, que pourrais-je bien faire, seul, hm ?

Il laissa son regard trainer dans celui de l'autre, un peu joueur, avant de retourner au fourneaux, donnant les dernières touches à son repas, en reprenant d'un ton neutre :

- Après, ça reste des potentiels pêcheurs, je doute qu'ils soient très aptes au combat, pas au stade où ils poseraient un réel danger, et pour mes affaires, rien de valeur ne reste ici, je ne fais confiance qu'à moi-même. Et pour le poisson, je pense pouvoir en pêcher assez pour nourrir le Red Dog confortablement, je referai quelques pièges et varierai mes points de pêche et on verra ce que ça donne.

Le repas quant à lui était enfin prêt, et il sentait drôlement bon. L'écossais pris deux assiettes dans l’armoire, qu'il garnit des poissons, un pour chacun, avant de les poser sur la table, accompagnés des services pour chacun. Le poisson blanc était simplement accompagné d'un mélange d'herbes de la région, cuit parfaitement, et Pierce se réjouissait de le manger. Une fois tout amené, il s'assit en face de Nicklaus et l'invita au repas :

- Bon appétit, tu me diras si ça te plait, après tout, peut-être que je cuisine si mal que tu ne veux pas faire subir ça à tes clients, dit-il d'un ton joueur avant de prendre ses couverts et observer du coin de l’œil le noiraud.


Le Gris ne sembla pas apprécier ses remarques quant a la boue et lui lança un regard noir avant de s'éloigner. Taogan le suivit sans remarque et une lueur d’espoir l'atteignit lorsque Narcisse approcha des buissons. Soulagé qu'il choisisse quelque chose qui l'apaiserait surement, le grullo l’observa silencieusement tandis qu'il commença à se rouler contre, écrasant copieusement les pauvres plantes qui, par endroits, le coloraient de vert. Mais c'était une bonne chose à faire, leur odeur tenait longtemps et ça devrait au moins le laisser tranquille pour la nuit. Il ne s'était pas attendu à voir le cheval se rouler contre le sol juste devant lui, il ne se rappelait pas l'avoir une seule fois ua sol d’ailleurs, et apprécia le voir sorti un peu de sa zone de confort. D'ailleurs, il n'hésitait pas à remuer franchement, comprenant que l'odeur devait vraiment s'imbiber dans le pelage. Après de longs instants, le Gris se releva, fin prêt à survivre à la microfaune environnante. C'était un bon pas en direction de la vie sauvage, non?
Après s'être secoué et avoir enlevé les dernières branches de ses poils, il lança un dernier regard noir au brun,. lui faisant comprendre qu'aucune remarque ne serait tolérée. rien de surprenant, et le grullo continua simplement d'une vois calme :

- Ça devrait te protéger pour la nuit, au moins. D'ailleurs je pense qu'on aurait meilleur temps de tranquillement retourner près de la maison, vu que je ne sais pas combien de temps le humains mettront avant de revenir.

Devant la réponse, enfin, l'absence de refus de l'autre étalon, Taogan se mit en marche pour retourner à leur emplacement initial, qu'ils atteignirent après quelque minutes. Une fois sur place, les humains n'étaient pas encore de retour, alors le brun commença à brouter doucement, avant de lancer au Gris :

- Si jamais une occasion comme celle-ci se représente, n'hésite pas à demander si tu veux découvrir quelque chose, c'est volontiers que je t'emmène et te sers de guide. Et de manière générale, si tu as quoi que ce soit comme question sur la vie sauvage, ou autre chose, c'est avec plaisir que j'y réponds. Si mes connaissances peuvent servir, c'est volontiers, et je t'apprécie bien, tu sais.

Nicklaus sembla lui lancer un regarde désapprobateur, mais à quel sujet? Tandis que ce dernier commençait à manger, Pierce devinait la raison de son léger mécontentement ; il s'y attendait, à vrai dire, mais n'allait pas poser le sujet clairement sur la table tant que l'allemand n'en parlerait pas. Celui-ci prit la parole, après quelques bouchées :

- Si on propose ça au menu, le Red Dog sera le plus prisé des Saloons de la ville. Déjà qu'il bénéficie de l'ancienneté, si en plus on y joint l'exclusivité...

Sa phrase resta en suspens, accompagnée d'un sourire qui signifiait qu le repas lui plaisait vraiment. L'écossais lui renvoya son sourire en continuant à manger ; il était satisfait, et il fallait dire que la cuisson et l’assaisonnement était plus que réussi. Le brun continua à manger quelques bouchées, ramenant son attention sur son assiette quelques secondes, avant de relever les yeux vers le noiraud. Celui-ci lui offrit un large sourire, qui fit hausser un sourcil en retour à Pierce. Il avait quelque chose en tête, et il savait pertinemment bien que l'écossais n’allait pas le lâcher des yeux jusqu'à ce qu'il en parle.
Nicklaus sortit la clé confiée plus tôt et la déposa lentement sur la table, avant de relever les yeux sur ceux du brun, en penchant la tête sur le coté. Il prit la parole bien sérieusement :

- Si tu ne m'inclus à aucun moment dans tes potentiels plans pour récupérer ta maison en cas de besoin, je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin de ça.

De longues secondes s'écoulèrent, durant lesquelles aucun des deux ne détourna le regard. Ce fût finalement Pierce qui capitula en premier, s'avachant un peu plus dans sa chaise en soupirant. Forcément, il n’allait pas laisser passer ça sans faire de remarque, c'était plus que prévisible. Mais malgré tout, le brun avait eu un maigre espoir qu'il ignore cet évitement. D'une vois un peu plus lasse, il prit la parole en ramenant son regard dans les yeux de l'allemand :

- Tu sais très bien que ça n'est pas une question de confiance, c'est juste que... je préfère ne pas faire courir de risque inutile aux personnes à qui je tiens. C'est déjà arrivé par le passé et je l'ai amèrement regretté, je ne veux pas refaire ces erreurs avec toi. Surtout pas avec toi.

Son ton était sérieux et sincère, même s’il savait que le contrebandier n'accepterait pas cela comme unique réponse. Après tout, il était doué au combat et très intelligent, si Pierce ne courrait pas de grave danger, en théorie, le deuxième homme non plus. Mais malgré tout, il ne pouvait pas s'autoriser à réquisitionner l'aide de ce dernier si la situation n'était pas à leur avantage, il avait perdu des camarades diablement doués lors de plans qui avaient mal tournés et s'en était longuement voulus. Alors perdre Nicklaus, ou même simplement le voir blessé pour un plan du style? C'était impensable.
Malgré tout, il était conscient que l'allemand n'accepterait pas de rester exclus sans broncher, et après tout, il avait réussi à survivre jusque là, il était assez compétant pour surveiller ses propres arrières. Il reprit la parole :

- Mais je sais bien que tu n'accepteras pas d'être mis de côté, même avec les meilleurs arguments du monde, alors bon... Il soupira, avant de continuer avec un petit sourire :
J'accepte de demander ton aide si j'en ai besoin, dans le cas de devoir récupérer ma maison, mais à l'unique condition que tu ne te mette pas en danger inutilement. C'est non-négociable.

Son ton était ferme et clair, et ne laissait pas la place au moindre doute. Il appuya son regard encore quelques secondes dans celuide l'allemand avant de détourner le regard et continuer à manger. Quelques bouchées plus tard, il ajouta, d'un ton fausement détaché :

- Par contre si tu veux éviter que des gens se servent de ma maison comme de la leur, évite de laisser trainer cette clé. Garde la précieusement sur toi, sinon elle risquerait de se perdre ou tomber entre de mauvaises mains, ça serait dommage. Je ne veux plus la voir, et si je tombe dessus, elle risque de réapparaitre mystérieusement dans les poches de tes vêtements.


Comme unique réponse, le Gris haussa un sourcil, sceptique, avant de ronfler en recommençant a brouter, tout en battant de la queue sèchement. Rien d'inhabituel venant de lui, et Taogan ne releva même pas. Il se remit à mâcher l'herbe humide, non sans sourire doucement. Il pensait vraiment ce qu'il avait dit, et même si Narcisse n'était ni bavard, ni très sociable, il appréciait sincèrement sa compagnie et était heureux de voir tous les petits pas qu'il faisait en direction d'une vie un peu moins malheureuse. Il avait hâte de voir ce que l’avenir leur réservait.

Nicklaus répondit à sa remarque par un petit sourire moqueur, avant de ranger la clé dans sa poche d'un geste fluide, un petit sourire en coin mausé sur le bord de ses lèvres. Il savait probablement que Pierce n'accepterais jamais de récupérer cette clé, mais malgré tout, mieux valait en rajouter une couche. D'un ton satisfait, il répondit :

- Ravi d'avoir pu trouver un terrain d'entente.

Pierce eut tout juste le temps de répondre par un petit rictus moqueur que l'Allemand se levait en les débarrassant les deux, enchainant directement sur la vaisselle, lui offrant au passage un regard victorieux et provocateur.
Le brun n'allait pas le laisser s'en tirer comme ça! Il ne perdit pas de temps pour se lever à son tour, et surgit à la gauche du noiraud pour essayer de voler l'éponge de ses mains, mais celui-ci avait prévu son attaque et le repoussa un coup de hanche bien visé. s'en suivit de longs moments de bataille entre les deux hommes, à coups de coude pour repousser l'attaquant et dos tourné et malgré une féroce bataille, l'allemand réussit à laver les pauvres deux assiettes et quatre couverts sans que l'autre ne puisse l'en empêcher.
Battu à plate couture, Pierce accepta sa défaite et recula d'un pas, laissant de l'espace à l'autre, avant de se détailler mutuellement ; leurs chemises étaient parsemées de tâches humides et il faudrait les faire sécher d'ici demain pour pas avoir une sensation d'humidité désagréable le lendemain.
Il s'appuya contre le plan de travail et lança à l'autre homme, encore un peu essoufflé par leurs bêtises :

- Bon, maintenant que t'es autant trempé que l'éponge, tu pourrais aller te laver toi, non ? De base je voulais faire la vaisselle et finir de m'occuper de la viande pendant que tu allais au bain, mais tu as préféré me devancer. Il le détailla de haut en bas avant d'ajouter, moqueur : Ou alors c'était pour te pré-humdifier, c’est ça? C'est plutôt réussi !

Son regard se posa sur le chemise de l’autre homme, qui lui collait un peu plus au corps à cause de l'humidité, et dessinait des muscles qui s'étaient bien dessinés depuis le travail sur le chantier de l'écurie au Red Dog. Son regard s'attarda quelques secondes de trop dessus avant qu'il s'en rende compte, et il détourna le regard, un peu gêné d’avoir peut-être mis mal à l'aise le noiraud. Il se racla la gorge avant de continuer :

- Va prendre ton bain, l'eau doit être bien chaude maintenant. La porte ne se verrouille pas, mais je n'entrerai pas à ,moins que tu aies besoin de quelqu chose et que tu m’appelles. Et au passage, laisse moi ta chemise que je la mette à sécher, tant que l'air est encore bien chaud. Dit-il en pointant la cheminée allumée à côté d'eux, avant d'ajouter rapidement : Enfin tu peux la laisser sur la poignée de la porte, je ne te demande pas de te déshabiller ici.

Toujours peur d'aller trop loin et de mettre Nicklaus mal à l'aise par accident vous-dites? A peine, vraiment.

Un sourire moqueur qui ne présageait rien de bon vint se dessiner sur les lèvres du Contrebandier tandis que ses mains venait se poser sur le col de sa chemise, que le brun suivit des yeux.

- Ah non ?, demanda l'allemand en haussant un sourcil.

Pierce voulut répondre quelque chose, mais les longs doigts fins de l'Allemand qui commençaient à déboutonner le premier bouton de sa chemise paraissaient diablement plus intéressant que quoi que soit qui aurait pu sortir de se bouche. Hypnotisé, il suivait les mouvements de ses mains, qui passaient désormais au deuxième bouton, laissant entrevoir la peau claire de l'Allemand que Pierce aurait tant voulu caresser de ses doigts (ou même ses lèvres, avouons-le). Il n'eut pas le loisir de l'observer bien plus longtemps, celui-ci lui ayant tourné le dos pour partir en direction de la salle de bain, non sans lui lancer un dernier petit sourire satisfait.
L'écossais regarda la porte de la salle de bain se refermer et mit quelque secondes à sortir de son état, il n'avait pas prévu de se faire attiser de la sorte si rapidement. Mais Nicklaus était un joueur, et maintenant qu'il se sentait doucement plus confortable en sa présence, ce genre de taquinerie ne ferait surement qu'être plus fréquent. Bien, ça ne le dérangeait pas, bien au contraire, il aimait beaucoup voir cette facette de lui.

Revenant à ses esprits, il sourit doucement et ouvrir le premier bouton de sa chemise, il avait tout de même un peu plus chaud qu'avant après tout. Observant l'état de sa chemise, et voyant du coin de l’œil que Nicklaus avait accroché la sienne à la poignée, il opta pour directement enlever la sienne et la mettre à sécher également près de la cheminée. Une fois les deux vêtements installés près du feu, et avoir peut-être doucement passé ses doigts sur le tissu de la chemise de Nicklaus, il monta à l'étage chercher de quoi remplacer celle-ci ; il n'allait pas laisser son invité trainer chez lui à moitié nu contre son gré, quand même! Une fois en haut, il prit quelques instant pour préparer leur couchages, historie de gagner du temps pour plus tard, t que le noiraud ne discute pas son choix, accessoirement.

Une fois de nouveau en bas, il accrocha sa chemise propre, une simple brune légère et très confortable, à la poignée de la porte de la salle de bain, et s''attela à la préparation de la viande pour ses animaux. Il évitait d'en laisser trop sur place pour ne pas attirer de prédateurs, mais il leur faisait au moins un bon gros repas chacun, qu'ils ne mettaient pas long à finir en général, et les animaux se débrouillaient pour cacher la nourriture qu'ils gardaient pour plus tard, Caelan avait souvent tendance à creuser un trou pour l'y enterrer. La corneille quant à elle appréciait quelques morceaux de viande, grignotés sur le bord de la fenêtre, mais repartait rapidement. Il semblait que cette forêt lui plaisait bien et elle arrivait à subvenir à se propres besoins. Pierce l'avait vu quelque fois interagir avec les corneilles locales, et il se demandait à quel point elle n'allait pas un jour préférer leur présence à la sienne. Si elle trouvait un endroit qui lui convenait, c'est tout ce qui importait pour le brun, après tout. Seul l'avenir saurait sire ce qui se passerait, ma foi. Une fois la petite troupe nourrie, il finit de ranger la cuisine, nettoyer la casserole et, entendant toujours l'autre homme dans le bain, s'autorisa une petite pause bien méritée.

Ne craignant pas le froid, il avait terminé ses tâches torse nu, mais la nuit qui arrivait avait rafraichi l'air, alors il s’enroula sans sa couverture favorite et prit un livre de sa bibliothèque avant de se poser sur le canapé et de bouquiner tranquillement en attendant que l'autre homme le rejoigne. Il avait hésité à aller s'occuper des chevaux, mais Nicklaus voudrait sûrement vérifier lui-même que son étalon se porte bien,e t après tout, il voulait rester à proximité s'il avait besoin de quelque chose.

Finalement, après de longues minutes, le bruit de la porte se fit entendre et Nicklaus sortir de la douche, le rejoignant sur le canapé, en s'asseyant sur sa propre jambe repliée. du coin de l’œil, Pierce l'avait suivi de yeux, sans pour autant sortir son nez de son livre. Oh, il ne lisait plus vraiment voyez-vous. Disons que la vue de l'Allemand l'avait u peu pris par surprise ; ses cheveux noirs ébouriffés, encore trempés, lui donnait un air terriblement attirant, et de le voir dans sa propre chemise, un poil trop grand, lui faisait un certain effet qu'il n’arrivait pas vraiment à analyser. C'était tout autant attirant, craquant, et avait un effet... confortable? Un peu comme une vie du quotidien naturelle, calme, confortable. Il fit mine d finir sa page avant de finir par fermer son livre, sans noter la page, il l'avait déjà lu plusieurs fois et s'en fichait un peu. doucement, il prit la parole en se tournant vers l'autre homme, appuyant son coude gauche sur le rebord du canapé :

- J'espère que le bain a pu te détendre un peu et que l'eau était bonne. Dit-t-il en souriant doucement.

Il resta quelques instant, le tête osée sur son bras, à observer tendrement le deuxième homme, avant de se lever et partir à la cuisine. Là, il servit une tasse de thé avec l'eau qu'il avait mis à chauffer juste avant et retourna près de l’autre homme, posant la tasse en question sur la petite table en face du canapé, juste devant Nicklaus, et reprit la parole :

- Tiens je t'ai fait du thé, je comptais aller me laver aussi et je me suis dit qu'avec le froid qui arrivait, j'allais te laisser un peu de compagnie réchauffante.

Il ramena son regard sur le bel homme sur son canapé, détaillant ses habits, et ajouta en se relevant :

- Et d'ailleurs, vu que j'y suis, j'aimerais éviter que tu tombe malade, alors tiens.

Sans lui demander son avis, il passa sur le côté du canapé et enleva sa couverture de ses propres épaules pour l'enrouler autour de celles de l'allemand, l'enroulant rapidement comme un petit cocon, sans pour autant s’éterniser et le rendre inconfortable. Il recula d'un pas, admirant son œuvre en réprimant un petit frisson de froid, désormais à découvert, et lança, un air satisfait dans le regard :

- Bien, maintenant je peux te laisser seul l'esprit tranquille le temps que j'aille me laver ! Je ne fais pas long, occupes-toi comme tu veux, je pense qu'on pourra gentillement aller au lit après.

Et sur ce, il se retourna et prit la direction de la salle de bain, dans laquelle il ne tarda pas avant de se glisser dans la baignoire et profiter de l'eau chaude qu'il restait.

Et sur ce, il se retourna et prit la direction de la salle de bain, dans laquelle il ne tarda pas avant de se glisser dans la baignoire et profiter de l'eau chaude qu'il restait.

Pierce lâcha un soupir de soulagement lorsque les premières gouttes d'eau chaude entrèrent en contact avec sa peau. Il n'avait pas prévu de faire long sous l'eau, mais s'autorisa quelques minutes de détente lui aussi. Ses muscles se détendirent doucement, et il découvrit avec surprise qu'il était bien plus tendu que ce qu'il en avait eu l'impression. Une fois l'effet de surprise passé, cela ne l’étonna finalement pas plus que ça ; même si ses actions étaient naturelles, il se mettait peut-être un peu trop de pression avec ce week-end, à vouloir s'assurer que tout se passe bien. Il savait que Nicklaus n'attendait rien de précis de lui, si ce n'est qu’il reste lui-même, mais le brun ne pouvait s'empêcher de vouloir s'assurer que tout se passe bien. Il devait se rendre à l'évidence : l'allemand avait pris bien plus de place dans sa vie et son esprit qu'anticipé initialement. Sinon, pourquoi aurait-il été aussi inquiet, lui qui en tant normal était assez détaché des gens ?
Il soupira une fois de plus, un petit sourire au coin des lèvres, avant de se rincer le visage. C'était trop tard pour faire machine arrière de toute manière, alors autant accepter que ses promesse à lui même de ne plus avoir de lien profond avec personne était un peu parti aux oubliettes. Pour l'instant, tout s'était relativement bien passé, alors pourquoi forcément craindre le pire? Il n'y avait aucun raison que quelque chose arrive, non ?

Une fois son lavage terminé, il sortit de la baignoire et s'essuya en regardant par la fenêtre. Le soleil était déjà presque totalement couché et s'ils voulaient profiter de jeter un coup d’œil chevaux en y voyant encore quelque chose, il ne faudrait pas trop trainer. Il enfila son pantalon de nuit, qu'il laissait à la salle de bain exprès, et se brossa grossièrement les cheveux, évitant ainsi démêlage trop désagréable le lendemain, et sorti de la pièce pour rejoindre le Contrebandier.

Celui-ci était toujours enroulé sans sa couverture, et les motifs tartans lui allaient à merveille. Il sourit en le remarquant lire, il avait visiblement trouvé de quoi s'occuper, et encore plus en reconnaissant le livre en question ; un recueil de poèmes dans sa langue maternelle. Il allait s'approcher en contournant la table pour venir s'asseoir à coté de lui quand un papier sur la table attira son attention. Il s'avança pour le saisir et découvrit que c'était sa feuille de note relative au livre en question. Il avait pris l'habitude de traduire certaines parties des livres étrangers qu'il achetait, de quoi occuper son temps libre. Il avait toujours été intéressé par les langues et s'il y avait bien quelque chose d'intéressant avec sa vie dans les ports, ça avait bien été de pouvoir apprendre plein de langues, et même si beaucoup d'entre-elles n'avait pas dépassé le stade de la conversation pratique et basique, il avait souvent séjourné en Allemagne et cette langue lui était un peu plus familière.
Il allait reposer la feuille, que Nicklaus avait surement fait tomber et posé sur la table le temps de sa lecture, quand il remarqua qu'il ne s'était pas contenté de seulement la poser. Les traductions avaient été corrigées par la main de Nicklaus, et, même si sa traduction était initialement correcte, les mots utilisés étaient plus subtils et un double sens se laissait transparaitre désormais. Avec un poème, c'était prévisible.

- Merci, dit-il en posant la feuille sur la table.

Le brun contourna finalement la table pour venir d'asseoir à côté de Nicklaus, tourné en sa direction comme avant. Il profita de doux bruit du feu quelques secondes avant d'ajouter doucement :

- Profite de le garder pour l'instant, tu en profiteras surement plus que moi, ponctua-t-il d'un petit sourire doux, avant de continuer en regardant par la fenêtre : Est-ce que ça te va si on va voir les chevaux maintenant? Après il fera définitivement trop sombre.

Suite à sa proposition, les deux homme partirent jeter un coup d’œil aux équidés. Taogan, à son habitude, allait parfaitement bien, ne relevant même pas la tête tandis qu'il regardait s'il n'avait aucune blessure. Son poil était boueux, et il était probablement allé se rouler un peu plus loin comme souvent pour décourager les moustiques. Il remarqua que le Gris avait surement dû se rouler dans les herbes pour se protéger des piqures lui aussi, c'était sûrement le grullo qui lui avait montré. Nicklaus lui fit remarquer ce détail, et il lui expliqua ce qui avait dû se passer. Bien, son étalon semblait avoir une bonne influence sur le second! Et après tout, ça lui faisait un eu de compagnie, les chevaux étant tout de même des animaux vivant naturellement en harde, cela devait être bénéfique aux deux.

Une fois les animaux vérifié, les deux hommes rentrèrent à l'intérieur et Pierce verrouilla le porte d'entrée derrière eux. Une fois à l'intérieur, il jeta un rapide coup d’œil dans la pièce mais tout était prêt pour aller dormir. Nicklaus n'ayant pas manifesté de désir de faire encore quelque chose ce soir, il l'invita à le suivre à l'étage. Une fois arrivé en haut, il s'assit sur la canapé sur lequel il avait déjà préparé un oreiller et une couverture pour lui plus tôt, et pointa le lit du menton à l'homme en face de lui :

- Fais comme chez toi, si tu as besoin d'une autre couverture tu peux prendre celle d'avant ou me demander, je dois encore en avoir une autre dans mon armoire, mais je ne pense pas que ça soit nécessaire, la cheminée a bien chauffé l'air. Il réfléchit quelques secondes avant d'ajouter en passant sa main sur sa nuque : Si tu préfère dormir seul, je peux dormir en bas, ça ne me dérange pas.

Il n'avait pas pensé à proposer ça avant, mais après tout, ils avaient dormir dans le même tente où l'autre homme l’avait lui-même invité, donc ça ne devrait pas poser problème, mais dans le doute de savoir quel était les mauvais souvenirs qui pouvaient ressurgir sur le fait de partager sa chambre avec un autre homme... il ne ovulait pas prendre le risque de mettre Nicklaus mal à l'aise.

L'Allemand ne répondit pas tout de suite, il se contenta de hocher de la tête, puis chercha ses mots en passant sa main dans ses cheveux, avant de répondre finalement :

- Mais enfin, je... Je vais pas te voler ton lit, Pierce. J'peux très bien dormir sur le canapé.

Pierce l’observa en silence quelques secondes. Il n'allait pas accepter? Bien, Il allait devoir insister. Le brun lui offrit un large sourire moqueur avant de s'étaler de tout son long sur le canapé, les bras installés au dessus de sa tête et une jambe pendant presque dans le vide, puis, une fois installé, répondit avec une pointe de drame dans al voix, le regard moqueur :

- Oh et bien, c'est vraiment dommage, parce que moi maintenant, tu vois, j'ai la flemme de bouger. ça serait vraiment dommage que personne ne profite du lit, tu ne penses pas ? Il tourna la tête en direction du noiraud, histoire de bien pouvoir lui lancer un regard malicieux et moqueur, avant d'ajouter :Ah et si tu penses à tester mieux qu'avant le confort de mon autre canapé, je te le déconseille ; mon chien a la fâcheuse tendance à venir s'y coucher au milieu de la nuit, que quelqu'un y soit ou non.

Il ponctua sa phrase d'un sourire faussement innocent, avant de terminer en ajoutant un poil plus sérieusement :

- Et puis bon, si je t'ai invité et que c'est moi qui propose, c'est que ça me fait plaisir, tu ne penses pas ?, ponctua-t-il d'un sourire sincère, cette fois.

Nicklaus se contente de lui lancer un regard noir comme unique réponse avant d'aller s'installer au lit silencieusement, suivi du regard par Pierce qui souriait doucement. Le noiraud se coucha dos au mur, et pendant que Pierce s'installait sous les couvertures à son tour, le Contrebandier lâcha, faussement boudeur :

- J'espère que ton canapé te donnera mal au dos toute la nuit.

Le brun termina de se mettre sur le dos pour dormir avant de répondre, sur un ton taquin :

- Ça serait dommage, c'est encore mon patron qui va se plaindre de mon état physique quand je retourne au travail., rigola-t-il doucement.

Quelques instants de silence passèrent entre les deux hommes, pendant lesquelles l'écossais se réinstalla un peu, le canapé n'étant pas très confortable pour dormir dessus, mais il n’allait bien sûr pas le dire. Avant de se laisser doucement glisser vers le sommeil, qu'il espérait atteindre rapidement, il ajouta doucement :

- Bonne nuit, Nick. Dors bien., dit-il d'une voix déjà un peu endormie.

Il se tourna enfin contre le mur, ayant trouvé une position relativement confortable, et s'endormit rapidement, pour une fois.


Un léger bruit le réveilla, au milieu de la nuit. Surpris, il ouvrit les yeux, mais seul un courant d'air glacial était présent dans la pièce. Il se leva, pas très à l'aise, et scanna les environs. Le chambre était majoritairement vide, et personne ne semblait être entré. L'air était étrangement calme et son esprit semblait embrumé, mais il ne se souvenait pas avoir bu d'alcool, enfin, à vrai dire... il ne se souvenait pas de grand chose non plus...?

Discrètement, il sortir de la chambre, arrivant dans un couloir tortueux, et vit une ombre passer du coin de l’œil à son extrémité. Lentement, il longea le mur, d'une discrétion féline, avant de s'arrêter à l'angle de celui-ci, tendant l'oreille. Il reconnut le bruit métallique d’une dague que l'on sort de son fourreau ; trop tard, on l'avait remarqué. Il jaillit en premier du coin de mur, se retrouvant face à deux assaillants prêts à en découdre. Il n'eut qu’un dixième de seconde pour éviter le premier coup de poignard, de justesse, et après quelques secondes réussit à désarmer le premier attaquant. Le second quant à lui était plus rusé dans ses attaques, mais après un dernier croisement de lames, Pierce ne sortant jamais sans son poignard favori réussit à le mettre hors d'état de nuire avec un tranchage net et rapide, dont il avait malheureusement l'habitude. Malheureusement, le premier homme avait filé sans demander son reste, et après un juron, l'écossais s'accroupit devant l'homme désormais mort à ses pieds. Il tentait de l'identifier, en vain ; les seuls distinctifs étaient un blason qu'il lui semblait reconnaitre, originaire de Pologne peut-être, mais sa mémoire semblait être un flou sans nom. Il continua de le fouiller, mais ça semblait définitivement peine perdue...

Mais lorsque soudain, une main vint se poser sur son épaule, avant de le retourner et le plaquer au sol, les mèches blondes qu'il aperçut n'eurent pas de mal à lui rappeler qui était en face de lui.

Son rythme cardiaque tambourinait dans sa cage thoracique douloureusement, le sentiment de danger ne devenait étouffant. Combien de fois faudrait-il que ça arrive ? Quand pourrait-il enfin être tranquille ?! Il tenta de se débattre, et parvint à s'extirper de la poigne de l'autre homme et commença à courir, mais rapidement ses jambes se mélangèrent et il retomba, à bout de souffle, lorsqu'il sentit une main sur son bras. Sans perdre de temps, il se retourna pour plaquer son adversaire au sol en tentant de plaquer son poignard sous sa gorge et en attrapant son poignet pour le plaquer au dessus de sa tête, ayant loupé l’autre main qui l'empêchait d'atteindre son cou.

C'est quand il sentit la douleur de ses genoux suite à sa chute du lit que son esprit s'éclaircit doucement, et que lentement il comprit qu'il était en plein cauchemar. Que rien de tout ça n'était réel. Le retour à la réalité fût violent quand il se rendit compte que l'homme en dessous de lui n'était que Nicklaus, et son regard inquiet et paniqué réussit à l'ancrer rapidement dans le réel.
Pierce prit conscience douloureusement de ce qu'il venait de se passer, et surtout à ce qu'il se serait passé si les réflexes du contrebandier n'étaient pas aussi affutés, et le reflet lumineux de la lune sur son poignard lui montrait très clairement qu'il avait été à deux doigts de tuer l'homme auquel il tenait le plus au monde. Horrifié, les mains tremblantes, il lâcha le poignet du noiraud et se redressa lentement, récupérant son autre main au passage, en laissant tomber son arme à sa droite qui tomba au sol dans un bruit métallique, qui sonna douloureux à ses oreilles.
Il recula de sorte à ne plus être au dessus de l'autre homme et s'assit contre le lit, les jambes repliées, sans oser croiser son regard. Il voulait s'excuser, dire quelque chose, réagir, mais son corps ne lui permettait pas de faire quoi que ce soit. Il se sentait figé, incapable de partir plus loin, voulant se blottir contre l'homme qu'il avait failli assassiner tout en voulant fuir le plus loin possible de lui, terrifié à l'idée de lui faire du mal.

[TW : continuation de ceux cités avant]

Pierce avait enroulé ses bras autour de ses genoux, et les ongles de ses mains crispées se plantaient douloureusement sans sa peau, à travers le tissu fin de son pantalon. Sur son corps, ses anciennes cicatrices semblaient brûler, comme une douleur fantôme que l’on n'oublie pas, particulièrement celle de... l'homme qui était venu hanter ses cauchemars encore une fois. Il avait beau se persuader que c'était du passé, son inconscient, quant à lui, avait décider de le tourmenter encore et encore, même après toutes ces années. Etait-ce une punition, après tout le mal qu'il avait pu faire par ses actions ? Un juste retour de bâton ? Il était habitué à devoir gérer ces moments de douleur, seul dans son lit. Mais cette fois, il avait attaqué quelqu'un. Quelqu’un à qui il tenait plus que tout. Et il s'en voulait, à un point inimaginable.

- T-tu faisais un cauchemar...

La voix de Nicklaus le fit sursauter et tous les muscles de son corps se crispèrent. Il avait le sentiment d'être si petit, si vulnérable. A ce qu'il avait entendu, l'autre homme n'avait guère l'air d’aller mieux. La haïssait-il, désormais ? Il avait besoin de croiser son regard,. même s'il était terrifié de voir l'émotion qui s'y trouverait. Timidement, il leva les yeux vers le noiraud, et ce qu'il fit lui fit parcourir un frisson glacial et son cœur se serra instantanément.
Nicklaus était recroquevillé contre lui-même, il semblait même trembler parfois, et ses ongles griffaient la peau de ses bras lentement. Pierce n'aurait pas pu décrire à quel point la vue de cette scène l'avait retourné et à quel point il se haïssait. Ça n'était pas la réaction d'un homme qui avait juste eu peur pour sa vie, il savait très bien quels souvenirs il avait remué, et c'était sa plus grande hantise. Il aurait voulu récupérer son poignard, et pas pour l'orienter contre quelqu'un d'autre cette fois, mais ça n'était ni le lieu, ni le moment pour ça. Il était désemparé face à la détresse de l'homme en face de lui et sa propre panique n'avait plus aucune importance à ce moment pour lui, alors timidement, douloureusement il tenta de prendre la parole, d’une voix faible et tremblante :

- Je-... je suis désolé. C'était-... il était revenu finir le travail encore une fois dans mon cauchemar, et quand tu m'a touché, j'ai cru que c'était lui et je-... un sanglot qu'il ne s'pétait pas rendu compte avoir retenu lui empêcha de terminer sa phrase, et la voix serrée il continua : Je te promets que ça n'avait rien de volontaire, jamais de la vie je ne voudrais te faire du mal, je préférerais encore me planter mon poignard directement dans le cœur.

Ses derniers mots étaient presque crachés, témoignant de la haine qu'il avait envers lui à l'instant. Il voulait réparer ses erreurs. Instinctivement, il voulait serrer le Contrebandier dans ses bras, lui répéter que rien ne lui arriverait, mais il savait pertinemment bien que c'était la marche à suivre pour le voir fuir instantanément et ne plus jamais revenir. Il était terrorisé d'avoir fait la connerie de trop, et d'être sur le point de le perdre. Il avait peur, et il en savait tout bonnement pas quoi faire.
En cherchant le regard de l'autre homme, il prit la parole, d'un ton voulu assuré, bien que sa voix restait faible et cassée :

- Tu es en sécurité ici Nicklaus, personne ne va te toucher, personne ne va te forcer et personne ne te retient. Tu es libre et personne ne te veut du mal, surtout pas moi. Je suis si désolé...

Sa voix se cassa sur ses dernières paroles et il sentit des larmes perler sur ses joues, qu'il essuya rapidement.