Stormy Water

 .....Depuis un certain temps, les rapides de la Rivière Indienne n'étaient plus un problème. Après la construction du barrage, le flux d'eau était maîtrisé et le peu d'eau qui s'écoulait encore ne suffisait pas à rendre cet endroit bien dangereux... Mais c'était sans compter sur la météo. Après plusieurs jours de pluie consécutifs, les rapides avaient repris une certaine vigueur. Oh, ils n'égaleraient sans doute jamais ce qu'ils avaient autrefois été et n'étaient sans doute même plus capables d'entraîner un cheval adulte au pied sûr, peu importe la météo, mais pour des animaux moins robustes, le défi prenait rapidement de l'ampleur !

.....Ce jour-là, Nicklaus avait purement et simplement décidé d'aller faire un tour dans la Réserve, évidemment accompagné de son étalon. Il voulait discuter avec les indiens qui y séjournaient, histoire de "prendre la température" et évaluer à quel point il pourrait s'en faire des alliés ou non. Avoir un informateur parmi eux, qui lui rapporterait tout ce qu'il se passe dans la Réserve (notamment au niveau des potentielles frictions entre les amérindiens et les citadins), serait un avantage à ne pas négliger pour les Black Bullets. Arrivé sur place, il avait attaché son étalon à la sortie du camp et s'était assis parmi les Amérindiens. Évidemment, sa mission prendrait du temps, il n'allait pas clairement énoncer ses intentions au premier venu...

.....La météo était plutôt inquiétante à vrai dire. Il pleuvait, mais le gros problème, c'étaient les gros nuages noirs qui se rapprochaient dangereusement et le vent qui commençait à se lever. Il allait à nouveau y avoir un sérieux orage. Narcisse commençait à sérieusement s'agiter à sa barre d'attache. Ce n'était pas le premier orage qu'il essuyait à l'extérieur, mais les étranges tentes des indiens semblaient osciller dangereusement dans le vent, et il avait plutôt furieusement envie de s'en éloigner un peu. Plus le temps passait, plus l'orage se rapprochait, et plus le Gris s'agitait. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, il s'affaira à ronger sa corde et à tirer dessus de toutes ses forces. Après de longues minutes, il fut enfin libre et il s'éloigna au grand trot, la queue en panache, l'oeil alerte. Il n'aimait vraiment pas beaucoup ça.

.....Après un moment, dans les bourrasques sifflantes du vent, il crut entendre un hennissement plaintif. Dressant l'oreille, il crut d'abord que ce n'était que le vent qui s'était engouffré d'une manière étrange dans ses crins ou dans son oreille, provoquant un drôle de bruit qui aurait pu ressembler à un hennissement trop aigu... Puis celui-ci se répéta. Ce n'était pas une erreur ; c'était bel et bien un hennissement. Un hennissement de poulain. Et il semblait en difficulté. Ni une, ni deux, l'étalon s'élança au galop en direction de la Rivière, là d'où semblait venir les plaintes. Après l'avoir longée quelques secondes, son sang se glaça dans ses veines. Sur un petit îlot perdu au milieu des flots gonflés par les pluies, un poulain appelait désespérément à l'aide. Le courant était fort. Trop fort pour un poulain de son âge. Et les branches et les troncs charriés par les eaux n'arrangeaient rien. Narcisse se cabra, faisant volte-face dans l'idée d'aller chercher son cavalier, mais il s'immobilisa en apercevant un autre cheval s'approcher au loin. Aussitôt, il coucha les oreilles, peu réjouit par cette intrusion, mais il attendit de voir ce qu'allait dire l'inconnu. Au même moment, l'orage arriva sur eux, redoublant les trombes d'eau que déversaient le ciel. Il fallait agir, et vite. Plus le temps d'aller chercher des humains...

Narcisse en #33476C ; Nicklaus en #696969

by lea-angels