Voices, voices, please shut up

Nightcore est né dans des conditions peu favorables, quelque part dans une forêt, il y a maintenant 9 ans de cela. Il était très, trop maigre. Trop faible. Il aurait du mourir, sa mère le savait. Et elle attendait le jour où la tragédie s’opérerait. Elle attendait tellement ce jour que le petit poulain chétif n'avait même pas de nom. Il avait un grand grand frère, Ironie. Ils étaient quasiment identiques, tous les deux. Et ce-dernier s'occupait au mieux de son petit frère. Tout allait pour le mieux, jusqu'à ce jour sombre d'hiver.

C'était en Décembre, il faisait sec et la nourriture manquait. Le petit Nightcore tremblotait, de peur et de fatigue, ainsi que son frère. Les deux poulains voyaient leur mère dépérir au fil des jours et ne pouvaient rien faire, juste seulement rester à ses côtés jusqu'au bout.

En pleine nuit, un cri. Près de lui, un cri. Et une sensation de chaleur sur ses membres. Il sursaute, il tremble, il se retourne lentement. Et jamais il n'aurait pu imaginer, au plus profond de son petit cœur pur, cette scène horrible. Son frère. Son propre frère, le sang de son sang, celui qui le protégeait depuis sa naissance, son frère qui avait ses yeux : Il est debout, il a un corps qui gise devant lui. Le petit poulain comprit très vite que la chaleur qu'il ressentait sur ses membres venait du corps mort à ses côtés. Il se relève brusquement. Il cri, lui aussi, de toutes ses forces. Ironie, lui, plante son regard dans le sien :

" Pourquoi tu me regarde comme ça ? Petit frère ! Répond moi ! Pourquoi tu ne bouges pas ? Hé ho ! Je te parle ! Frérot !!!!!!!!!! Dis moi,... C'est quoi cette expression horrifiée que je lis sur ton visage ? Tu as fait un cauchemars ? Tu sais, moi j'en fait souvent aussi. Je sais que ça fait peur, mais quand je me réveille, je réalise que ce n'était qu'un mauvais rêve. Alors pourquoi tu as peur ? "

Sa tête tourne, sa vue se trouble.

" C'est quoi cette moue dégoûtée ? C'est moi que tu regarde ? Oui, c'est moi. Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Dis moi, Petit frère. S'il-te plaît !"

Il recule. Il tremble. Il veut crier mais aucun son ne s'échappe de sa bouche.

"Mais... Frérot... Pourquoi tu recule ? Reviens !!! J'ai fait quelque chose ? Je te le jure, je ne recommencerais pas ! Petit frère ! Ne m'abandonne pas ! Oh, je t'en prie !"

Les larmes tombent à grosses gouttes, il ne voit plus rien, il est aveuglé par la terreur.

"Mais... tu pleures ? Pourquoi tu pleures ? Il ne faut pas... Petit frère... Je ne devais pas ? Ce n'est pas bien ce que je viens de faire, n'est-ce pas ? C'est pour ça que tu pleure ? Oh... Je suis désolé... Promis, je ne recommencerais pas. Frérot... Viens vers moi... Pourquoi tu recule toujours ? Hé ! Pourquoi tu as envie de vomir ? Je suis si laid que ça ? Mais... moi je pensais... Je pensais qu'elle était jolie mes peintures rouges... Non ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu les trouvez moches ? Elles te font peur ? Tu sais, moi je les aimes mes nouvelles balzanes. Tu veut les même ? C'est quoi ce haut-le-cœur que tu vient de faire ? Pourquoi tu es dégoûté ? "

Il faut qu'il s'enfuie, mais ses membres sont paralysés.

"Tu sais, Maman n'apprécierais pas que tu la regarde avec cet air apeuré. Elle n'est pas si laide. Alors pourquoi tu louche sur elle de tes yeux exorbités ? Frérot ? Elle dort, il ne faut pas la déranger. Chut... Mais... Pourquoi tu tremble ? Petit frère ?! "

Il détale. Son cerveau est complètement déconnecté. Seul l'instinct de survie lui permet d'agir.

"Hé ! Reviens ! Ne pars pas ! Nightcore !!!!! Tu cours trop vite ! ...

Le petit Nightcore n'entendit jamais ce que dit son frère par la suite. Oh, violente Ironie. Ironie Funeste. Il ne l'oubliera jamais.

" La nuit va tomber... Et tu sais... Tu sais très bien frérot... que moi... Eh bah, la nuit... J'ai peur du noir. "

À partir de ce jour, le petit poulain anciennement au cœur pur comme la neige était complètement détruit de l'intérieur. Ce traumatisme fit grandir dans son esprit de nombreux troubles, comme la paranoïa. Au fil de l'âge, des voix se sont mises à résonner dans son crâne. Ces voix le tourmente, le blesse. Il devient vite fou, complètement livré à lui-même. Il tue. Mais ce n'est pas lui. C'est eux.


Nightcore fit finalement capturé par les voleurs de chevaux. Ces-derniers ont tout de suite remarqué que quelque chose ne clochait pas chez cet étalon. Ils lui donnèrent son nom actuel : Nighcore. Ils le firent castrer, car ils ne voulaient pas risquer que Night' blesse une jument. De toute façon, il n'aurait jamais fais ça. Jamais Nightcore n'a repensé à une famille, à l'amour, depuis le terrible accident.

Il recroisa le chemin de son frère, Ironie Funeste, un soir dans la forêt abandonnée près du camp. Mais l'échange fut court et violent. Et pour tout avouer, Nightcore ne se souvient même plus de ce qu'il s'est passé. Plus jamais il ne le revit après ça. Et jamais il n'oublierait ses yeux glacés, dérangés. Jamais il n'oublierait la part du déséquilibre qu'il manque à son cœur. Il le hait autant qu'il l'aime.

Il y a quelques années, Nightcore a enfin pu se libérer de l'emprise des voleurs, ce qui a failli lui coûter sa vie. Il fut blessé, plongea dans une sorte de coma pendant au moins 2-3 jours. C'est un miracle qu'il soit encore en vie. Mais à présent, sa mémoire est en miettes. Il se souvient à peine de son nom. Qui est-il ? Pourquoi est-il en vie ? Qu'est-ce-qui s'est passé ? L'étalon rôde désormais en solitaire, et sans doute que son esprit déraille de plus en plus au fil des jours.

Nightcore n'est pas un animal qui sort particulièrement du lot. Il est assez petit, 1m68 au garrot environ. Dans l'ensemble, il parait un peu faiblard et pas très résistant. On devine ses côtes, et ses membres sont loin d'être musclés. Ses crins ondulés laisse deviner qu'il pourrait avoir du sang de frison dans ses veines, mais rien n'est sûr.

Passons aux choses sérieuses.

Comment le décrire, cet étalon, sans évoquer son expression ? Un regard bleuté, vide, toujours pointé vers le sol. Une absence totale de joie sur son visage. Cela fait bien trop longtemps que sa joie fut arrachée à son âme. Sa robe évoque les nuages noirs d'un orage en préparation tandis que ses crins gris clairs tirant sur le bleu donne une sensation de froideur, comme si ces-derniers étaient faits de glace.

Enfin, ses anciens maîtres, les voleurs de chevaux, lui peignait souvent des éclairs sous les yeux avec de la peinture bleue. Aujourd'hui redevenu sauvage, ses marques artificielles se dégradent de jour en jour. Dommage, Nightcore aimait bien ses marques.