Étape 3 du débourrage || Première sortie officielle

Je suis :

Tous le monde était préparé, l'attente menait à sa fin. Malgré les recommandations, Arthur avait souhaité être très peu accompagné pour cette première sortie, demandant simplement à Jacob, le propriétaire de la mère de Balios, de l'accompagner avec sa jument. Cela rassurerait sûrement sa jeune monture d'être en compagnie de celle-ci, qu'il accueillit d'un hennissement joyeux lorsqu'il l'aperçut. Le colonel salua simplement le patrouilleur, occupé à finir de serrer la sangle de sa selle. Balios salua sa mère d'un hochement de tête solonel, et lui dit une fois assez proche :

- Je ne m'attendais pas à ce que toi et Jacob nous accompagniez pour ce grand jour.

Le jeune cheval souriait, à la fois brûlant d'impatience et sérieux. Il fallait que cette journée ce déroule parfaitement, s'il voulait vraiment passer le restant de ses jours comme monture de l'homme le plus haut gradé dans le fort. C'était son rêve, sa destiné, et il était si près du but.

Le colonel, de son côté, vérifiait à nouveau l'harnachement que portait le jeune cheval, pensif. Il accordait lui aussi beaucoup d'importance à cette journée, espérant que tout ce passe dans l'ordre des choses. Peut-être que Balios serait nerveux, voir capricieux, mais il s'y attendait. Ce n'était pas la première jeune monture qu'il sortait, et il savait que c'était un moment important autant pour lui que pour l'équidé.

- Vous êtes prêt, Monsieur Taylor ? Nous allons voir la qualité de la génétique de votre monture, aujourd'hui.

Il souriait, le visage toujours concentré sur le poulain, finissant ses vérifications. Tous étaient prêt, et c'est ainsi qu'ils sortirent du fort, en direction des Canyons. L'allure était lente, mais correct. Il fallait que les chevaux s'échauffe pour la longue journée en vue. Et puis, ça ne servait à rien de partir au grand galop tout de suite et de les fatiguer, Balios avait besoin de toute son énergie.

Une fois à l'extérieur du fort, le poulain bai était très calme, comme si ce n'était pas sa première sortie. À vrai dire, ce n'était pas la première... il avait déjà fugué du fort, mais cela faisait un bon moment. Depuis, il s'était assagit, souhaitant donner l'exemple à tous, tel était censé le faire la monture du colonel. Malgré son jeune âge, il souhaitait qu'on le voit ainsi.

Une fois qu'ils purent apercevoir les grand rochers orangés du Canyon au loin, Arthur proposa d'accélérer l'allure au trot, impatient d'arriver dans cet endroit qu'il aimait tant. C'était son coin préféré du Cimarron, et l'un des plus majestueux qu'il ait pu voir de ses propres yeux dans sa vie. Balios eut la même réaction que son cavalier et, une fois l'allure au trot lancée, il trottait d'un pas enjoué, les oreilles vers l'avant, se demandant s'il était possible de gravir ses rochers jusqu'au sommet. Il demanda donc à sa mère, maintenant l'allure :

- Tu crois qu'on va monter jusque là-haut ?

Il releva la tête en direction du haut des Canyons, indiquant l'endroit dont il parlait. Peut-être qu'Arthur ne prendrait pas le risque de s'y aventurer aujourd'hui, le poulain manquant d'expérience, il serait regrettable des les voir tomber du haut de ses rochers et mourrir.

Je suis :

Grande journée ! Hel n’avait pas eu besoin qu’on lui explique lorsqu’elle avait aperçut son fils dans son attirail de militaire pour comprendre qu’aujourd’hui était son évaluation de compétences pour s’assurer qu’il correspondait bien aux attentes du Colonel. La mère était émue de le voir ainsi, tout prêt, tout beau, comme si elle le redécouvrait encore une fois. Mais la jument savait qu’il ne fallait pas le couver, Balios la trouverait insupportable, il avait grandi, sa carrure s’était développée également, on dirait un vrai bel étalon à présent !

« Je n’en savais rien non plus Balios, je suis ravie d’être avec toi pour ce grand jour, comment te sens-tu ? »

 Elle comprendrait qu’il soit un peu nerveux et en même temps, Balios avait toujours eu ce courage qui dépassait tout ce que la jument connaissait, après tout c’était à quelques semaines seulement qu’il avait couru droit vers Feänor pour lui dire qu’un jour il le dépasserait. Il n’y avait pas cinquante poulains avec autant d’audace que lui. Sa mère était fière de lui et en même temps cette attitude l’inquiétait un peu. Bon elle n’avait pas de raison de douter de lui, elle croyait en ses compétences pour s’en tirer sans soucis.

Jacob termina de sangler sa monture avant de redresser la tête vers son Colonel. Il était heureux que ce dernier l’ait choisi pour l’accompagné sur la première véritable sortie de Balios hors du Fort. C’était un honneur ! Il regarda le poulain qui n’en était plus vraiment un maintenant, non face à lui se trouvait un splendide étalon !

« Je le suis mon Colonel ! J’en suis impatient, j’espère qu’il ne vous décevra pas. »

Il se mit en selle et suivit son supérieur à une allure lente parfaitement maitrisée. Ils se rendaient dans les Canyons aujourd’hui pour une sortie très longue. Au départ il fallait ménager leurs chevaux, les laisser prendre le rythme et réchauffer leurs muscles, puis la suite se passa au trot. Rien de trop intense pour l’instant. Jacob ne s’inquiétait pas pour Hel dont l’endurance n’était plus à prouver mais il ne pouvait s’empêcher de se demander si Balios aurait pris d’elle à ce niveau là.

 Les immenses colones rocheuses se rapprochaient et Hel se souvenait des aventures pittoresques qu’elle avait vécu là. Pour elle, les canyons n’étaient pas synonymes de bons souvenirs, ou disons qu’elle ne s’y sentait pas à l’aise à cause du peu de visibilité qui dissimulait les pièges et les ennemis. Elle suivit le regard de son fils, apercevant dans le ciel un rapace en train de glisser sans effort.

« Je ne sais pas. C’est rare qu’ils nous demandent d’escalader jusque là. Tu voudrais y aller toi ? »

Demanda-t-elle en lui offrant un sourire bienveillant.
Il était hors de question qu’elle lui transmette sa nervosité.

Je suis :

La question de sa mère le surprit un peu. N'avait-elle pas envie de s'y rendre, elle aussi ? On devait pouvoir y observer tout le Cimarron, à cette hauteur ! Balios se disait qu'on devait s'y sentir si... puissant, si fort d'être le plus grand, le plus haut de tous. Enfin, les oiseaux qui voltaient au-dessus de leurs têtes le ramenèrent dans le moment présent, puisque certains passaient par-dessus ses rochers, cela voulait donc dire qu'ils pouvaient être encore plus haut. Il souria à Hel, espiègle, avant de continuer :

- Certainement ! On doit y voir le Cimarron tout entier. Ce doit être magnifique.

L'inexpérience le rendait innocent, ne connaissant pas tous les risques que les canyons cachaient. Il ne pensait pas aux prédateurs qui pouvaient s'y cacher, ni même aux bandits qui profitaient des nombreux couloirs et cachettes qu'ils dissimulaient. Peut-être qu'un jour, il saurait reconnaître les embuscades qu'on y préparait, et qu'il ne se ferait pas prendre. Après tout, ses parents avaient vécus mille et une aventures dont ils s'étaient déjà sortis. Peut-être avait-il la même étoffe que ses géniteurs et qu'il s'en servirait à son tour pour sauver les siens.

Une fois arrivé, le duo s'arrêta pour prendre une petite pause. Toujours en selle, Arthur carressa l'encolure du jeune équidé, déjà courverte de sueur. Il n'avait pas choisit la journée la plus fraiche pour cette première sortie, mais pas la plus chaude non plus, juste assez pour tester les compétences du poulain. Il aggripa sa gourde, accrochée à sa selle et buva un peu d'eau. Il devait avouer que passer ses journées derrière un bureau ne lui manquait pas présentement. Maintenant qu'il savait qu'il pourrait faire confiance à sa monture, peut-être que les ballades autour du fort allaient devenir régulières. De plus, c'était un bon entrainement pour un cheval comme lui, ainsi que pour son cavalier. Le confort de sa chaise de bureau était incomparable face à celui d'une selle. Une fois sa gourne à nouveau accrochée, il fit tourner Balios vers l'autre duo, lançant ceci :

- Eh bien, je dois avouer que je suis très surpris. J'ai rarement vu des poulains aussi doués lors d'une première sortie. Je vais devoir demander à Arnold ses secrets.

Le blond ria quelques instants, puis continua :

- Oublions pendant ses quelques instants mon poste et le votre, voulez-vous ? J'aimerais en connaître un peu plus sur vous, qu'est-ce qui vous a amené vers l'armée ?

C'était une question lancée ainsi, tout bêtement. Arthur souhaitait un peu laisser son travail de côté aujourd'hui.

Du côté du bai, celui-ci joua avec son mors quelques instants, puis jeta un coup d'oeil à sa mère, heureux. Elle lui manquait, c'était certain, mais sa vie lui plaisait. Une fois habitué aux luxes du cheval du Colonel, il ne lui manquait pas grand chose pour être comblé. Il lui demande, doucement :

- Au fait, tu as revu père dernièrement ?

Je suis :

L’innocence de son fils l’émue tandis qu’il répondait tout plein d’espoir à sa question. Le temps ferait son affaire pour l’endurcir et lui apprendre que la Nature aussi jolie soit elle, réservait son lot de difficultés et de mésaventures. Elle préféra ne rien dire à ce sujet et laisser encore la magie briller dans les yeux de son poulain, s’il pouvait rester ainsi toute sa vie … Non, la jument de patrouille savait qu’il devait grandir et trouver sa voie, c’était le destin qui était tracé ainsi. Même s’ils avaient été libres, Hel avait conscience qu’un jour Balios serait parti vivre sa vie de son côté et fonder une famille.

La pente abrupte semblait plus difficile à escalader pour la Baie aujourd’hui, peut-être le petit pincement au coeur qu’elle ressentait à l’idée que ce soit des aux revoir avec son fils, qui s’il réussissait l’épreuve d’aujourd’hui deviendrait officiellement la monture du Colonel. Heureusement après un temps ils arrivèrent enfin au sommet et comme l’avait dit Balios la vue était exceptionnelle ! La jument prit une grande inspiration avant de regarder le paysage quasiment sur 360 degrés.

« Je suis bien content de vous l’entendre dire. Sa mère est d’une endurance sans pareille, et pour ce qui est de son père, je pense qu’il lui a donné ses muscles solides et infatigable. Arnold a pu le façonner plus facilement que s’il ne partait de rien, mais ses techniques sont remarquables. »

Jacob devait avouer que Balios avait grandi pour être un splendide spécimen. Il était un peu triste de penser qu’il n’avait pas la fortune nécessaire pour le garder car il aurait fait un cheval excellent lorsque Hel aurait dû partir à la retraite. Il préférait ne pas y penser. L’idée que sa jument ne soit plus à ses côtés l’attristait terriblement. Et savoir s’il préférerait avoir un de ses descendants ou un cheval radicalement différent était trop difficile à penser et loin d’être urgent.

« Je cherchais du travail, j’avais perdu ma famille aux indigènes, j’espérai qu’en m’engageant je protège d’autres familles comme la mienne. »

C’était bref, succinct, Jacob n’élabora pas son histoire. Son regard s’était assombri au souvenir de son passé. Si sa famille adoptive n’avait pas péri, sa vie aurait été très différente. Est-ce qu’il poursuivait réellement la bonne voie en étant ici ? Il se le demandait souvent. Ses rencontres avec Ashe et Dayana l’avait changé, remis sa perception du monde en question.

« Et vous mon Colonel, comment êtes vous arrivé dans l’armée ? »

Mistake ? Non cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas croisé sa route. Hel ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter à l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose bien que leur rencontre n’étaient jamais fréquentes. Elle espérait que leur chemin se croiserait à nouveau bientôt.

« Pas depuis un moment. J’imagine que tu n’as pas l’occasion de le croiser de ton côté, tu ne sors pas assez loin pour l’instant. J’espère que dans les semaines à venir l’occasion se présentera. »

Elle ne précisa pas qu’elle priait pour que cette occasion soit pacifique et non en temps qu’ennemis.

Je suis :

Le blond écouta le soldat parler des géniteurs du poulain et, soudainement, une question lui vint en tête. Hel était en effet une jument exceptionnelle, capable d'une endurance sans fin, il le savait mais, pour le père... qu'en était-il ? Personne ne semblait savoir qui était réellement l'étalon derrière la création de ce poulain si... exemplaire. C'était peu dire concernant Balios mais, qu'en était-il de son père ?

- Je n'en doute pas une seconde.

Avait répliqué Arthur, avec un léger ton d'ennui dans sa voix, puisqu'il savait déjà tout cela. Il continua avec plus d'intérêt cette fois-ci :

« Dites-moi, en savez-vous plus sur le père de Balios ? Je crois que c'était un imprévu, il me semble... »

Ainsi, il ouvra un nouveau sujet de discussion, autre que leurs propres vies à eux deux. À vrai dire, Arthur n'était pas quelqu'un qui s'ouvrait facilement aux autres et, apporter un nouveau sujet de discussion lui laissait donc un peu de temps avant d'infini s'ouvrir à Jacob. La plaie de son passé semblait donc toujours aussi ouverte, restant donc un sujet sensible, même si pour certain, cette histoire n'était qu'un chapitre et quelque chose qu'on devrait oublier après quelques mois, voir des années, mais pas pour Arthur. Il était bien trop rancunier pour ça. Après avoir ententu l'histoire du soldat, simple mais, intéressante, il avait hoché la tête en guise de réponse. Elle avait été brève, simple détail qui démontrait à Arthur que Jacob ne souhaitait pas détailler plus. Il prit donc une grande inspiration avant de se lancer à son tour :

« Je viens d'une grande famille vivant en Angleterre, je ne suis donc pas né en Amérique. J'ai plusieurs frères aînés, et mon destin était déjà tout tracé, alors j'ai décidé de ne pas le suivre et de m'engager dans l'armée, sachant déjà que j'étais le dernier héritier, et que je n'aurais pas grand chose en fin de compte, mes frères passants en premier. J'ai donc laissé ma fiancée en Angleterre, la laissant vivre une vie confortable mais ennuyeuse à mon avis. J'aurais aimé qu'elle me suive dans ma folie, hélas, elle préférait le confort et la richesse que ma famille lui apportait. »

Le blond s'arrêta, prenant un moment pour caresser l'encolure de sa monture qui, patiemment, restait sur place, tournant une oreille curieuse vers son cavalier. Balios écoutait secrètement l'histoire de son bipède, cherchant lui aussi à connaître un peu mieux l'homme qui resterait à ses côtés pendant longtemps.

Enfin, le bai retourna son attention vers sa mère lorsqu'elle lui répondit au sujet de son paternel. Lui aussi, il espérait un jour revoir l'étalon aux crins crêmes. Il avait eu l'occasion de le voir une seule fois et, les récits de lui et sa mère qu'il avait entendu cette fois l'émerveillaient encore en pensée.

- Oui, j'espère aussi le revoir, j'aimerais bien avoir plus de détails sur la vie qu'il vit.

Bien qu'il sache que son père vivait maintenant avec les contrebandiers, il n'avait jamais su l'histoire complète qui avait apporté ce départ. Avait-il été volé suite à une attaque de ses bandits, ou bien avait-il fuit la cavalerie avant d'être attrapés par ceux-ci ? Il y avait encore beaucoup de choses dont Balios n'était pas au courant, mais dont il ne saurait tarder.

« Continuons un peu, voulez-vous. Je ne veux pas que nos chevaux se refroidissent, la balade ne fait que commencer. »

Lança enfin le Colonel, appuyant légèrement de ses talons sur les flancs de son cheval, lui demandant donc de reprendre le pas. Balios ne se fit pas prier et, les oreilles pointant vers l'avant de bonheur, il reprit l'allure avec plaisir.

Je suis :

Les chevaux étaient parfaitement calmes comme si eux aussi observaient la grandeur du monde depuis les hauteurs de la colonne rocheuse du canyon. Jacob maintint ce silence encore un instant avant de noter la pointe d’ennuie dans la voix du Colonel lorsqu’il avait répondu à sa description de Balios. Soudain le soldat fut rappelé à la réalité que cet homme était avant tout son supérieur et non son ami et qu’ils n’étaient pas au même niveau. Il baissa les yeux vers le pommeau de sa selle et décida de prendre cela en compte pour la suite de la conversation : mettre plus de distances entre eux.

« Effectivement Balios n’était pas prévu. Un jour ma jument a réussi à échapper au contrôle du palefrenier et elle a disparu quelques jours. Je ne savais pas jusqu’à quelques mois plus tard qu’elle me réservait une surprise pareille. Son père ? J’ai des hypothèses mais rien de concret, peut-être une ancienne monture du Fort dont le cavalier est parti il y a des années déjà. »

Le temps passait vite. Matt avait disparu depuis déjà plusieurs années et sa mort qui avait grandement choqué Jacob commençait également à dater. Il ne pensait pas souvent à ce moment mais resté fortement choqué par les événements qui avaient eu lieu. La douleur qu’il ressentait parfois dans son épaule était le rappel de l’incident qui avait eu lieu lors de leurs premières retrouvailles avec le déserteur, un mauvais souvenir pour Hel et lui.

Il fut tiré de ses pensées lorsque son supérieur évoqua son arrivée à la Cavalerie US. Finalement il avait l’impression que ce dernier s’ouvrait plus sincèrement, peut-être l’avait-il mal jugé plus tôt. Ce n’était pas une chose aisée que de dévoiler une partie de son passé dont on n’est pas toujours fier. Il l’écouta dans un silence plein de respect avant de hocher la tête.

« Je vous comprends. J’ai également quitté le peu de famille que j’avais pour aller à l’aventure, j’avais besoin de voir le monde comme mon rôle de patrouilleur peut le témoigner. »

Jacob ne rentra pas plus dans les détails, ne souhaitant pas non plus appuyer dans les zones à risque de la psyché du militaire. Même sans avoir vécu exactement la même chose, il éprouvait un certain respect envers l’homme qui se tenait devant lui, il n’avait reculé devant rien pour aboutir à son projet.

Hel fixa l’horizon lorsque son fils évoqua l’envie d’en savoir plus sur l’existence que menait son père. Elle n’était pas convaincue que ce serait une expérience positive pour Balios d’en découvrir plus sur la vie des bandits. Si elle était complètement honnête avec elle-même la jument craignait qu’il ne suive les pas de son père attiré par cette vie chaotique qui se différenciait des emploi du temps carré de la Cavalerie. Pour autant, elle espérait que père et fils puissent maintenir un lien fort à l’avenir sans jamais avoir à se considérer comme des ennemis.

Une pression sur son flanc et la jument commença à nouveau à marcher tranquillement derrière son fils pour redescendre de la colonne rocheuse. Elle était en train de chercher un appui stable pour son antérieur droit lorsqu’elle entendit un bruit crissant qui la terrifia : un éboulement rocheux ! La jument ronfla d’anxiété pour prévenir son fils qui avait également dû entendre la chose, il fallait avancer et vite.

Je suis :

Toujours confortablement installé sur le dos de Balios, le blond écouta le cavalier de la baie en dire plus au sujet du père du poulain. Rien n'était certain, mais le patrouilleur avait l'air tout de même confiant, alors il le croyait. Bien qu'il n'ait pas eu l'occasion de connaître cet étalon, peut-être qu'un jour, en ville, il le croiserait. Enfin, cela l'importait peu. Il avait sous lui un cheval compétent, et il le savait depuis le premier jour.

Ce n'est pas qu'Arthur ne s'intéressait pas à Jacob, loin de là, mais on lui a apprit à être ainsi avec les autres, lors de discussion banales comme celle-ci. Dans sa famille, rares étaient les occasions ou l'on discutait de soi de cette façon. À vrai dire, si ce n'était pas pour discuter des finances familiales ou bien d'autres choses tout aussi importantes, mieux valait se taire, et la même chose existait dans l'armée, du moins, dans ses débuts. Arthur devait avouer qu'il appréciait cela dans la cavalerie, cette espèce de camaraderie entre ses soldats, tant que ça ne jouait pas sur leurs capacités à travailler. C'était donc plus par habitude que par ennui qu'il réagissait ainsi, écoutant toujours le soldat, mais son expression faciale et le ton de voix qu'il utilisait démontrait le contraire, parfois.

Le Colonel finit par tourner la tête vers Jacob lorsqu'il eu finit de parler, lui offrant un hochement de tête respectueux. Quitter le foyer famial pour combler ses envies, voir ses besoins d'aventures, était une chose remarquable. Ce n'était pas chose facile que de dire au revoir à ce que nous avons toujours connut mais, dans la vie, il faut savoir faire des sacrifices, et pour Arthur, cela en avait été un.

C'est ainsi qu'ils reprirent allure et qu'un bruit retentit, dangeureusement près d'eux. Le roc qui se trouvait face à Balios, en hauteur, se fissura et, une grosse partie qui s'était détachée glissait lentement mais sûrement en leur direction. Arthur tira sur les rênes, priant le jeune cheval de reculer rapidement afin de laisser le temps au rocher de tomber au sol mais, Balios n'en fit qu'à sa tête et, plutôt que de reculer, il s'élança au grand galop pour traverser avant même que le rocher ne fracasse le sol.

- Suivez-moi, mère ! Avait-il hennit dans le plus grand des sérieux, sans hésiter.

On entendit le bruit des sabots résonner contre les parois des rochers, puis le fracas du morceau de pierre contre le sol. Un nuage de poussière s'élevait dans les airs, suivit d'un silence inquiétant. Balios et le Colonel avaient-ils été écrasés sous le roc ? Puis, une voix s'éleva soudainement, comme pour briser le silence :

- Jacob ?! Nous sommes ici !

La poussière retomba peu à peu et, le Colonel pu enfin appercevoir l'autre duo. Son coeur battait la chamade et, à vrai dire, il se demandait encore comment ils étaient toujours en vie, lui et Balios. Sa monture s'élançant rapidement, il n'avait pas eu d'autre choix que de s'accrocher au pommeau de sa selle et d'espérer qu'ils s'en sortiraient, la peur au ventre. Le jeune cheval, quant à lui, avait le sourire aux lèvre. Couvert de poussière, sa robe foncée devenue claire, voir orangée, il s'ébroua avant de lancer un henissement de joie. Quelle aventure !

Je suis :

La conversation toucha à sa fin lorsque les deux cavaliers commencèrent à redescendre du sommet rocheux où ils étaient montés. C'est dans ce silence que le fracas d'un éboulement retenti au-dessus d'eux. Jacob releva la tête pour découvrir la paroi en train de se détacher. Le Colonel essaya de faire reculer sa monture mais d'un coup Balios s'élança en avant à vive allure et Hel, n'écoutant que son courage et sa peur pour son fils, suivi. Le militaire s'accrocha à la crinière de la jument baie, manquant de tomber dans la précipitation des événements. Il ne savait pas s'ils survivraient à cet incident et croisa les doigts.

Un nuage de poussière entourait l'éboulement, empêchant les uns les autres d'ouvrir les yeux et de respirer. Jacob couvrit son visage avec son foulard tandis que Hel toussait pour se dégager la gorge. Les craquements des rochers qui finissaient de trouver leur place dans le chaos recouvraient tout les sons. Et enfin le silence retomba sur les lieux et Jacob entendit son supérieur l'appeler.

" Mon Colonel, je suis là et je vais bien. Comment allez-vous de votre côté ? "

Il pressa ses talons doucement sur les flancs de sa jument qui avança d'un pas lent mais sûr en direction des autres. La jument aux crins noirs vint presser ses naseaux contre l'épaule de son fils.

" Tu vas bien Balios ? Tu n'es pas blessé ? "

S'inquiéta-t-elle en l'inspectant de son mieux malgré ses yeux larmoyant à cause de la poussière toujours présente dans l'air.

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