Arthur s'était levé tôt ce matin, incapable de se rendormir. Un thé à la main, il sortit de ses quartiers afin d'observer les premières lueurs de l'aube qui pointaient au-dessus des grandes palissades du fort, un magnifique spectacle que la nature lui offrait depuis qu'il vivait ici, dans cette grande fourmilière. Balios aussi été déjà réveillé. On avait pris soin de lui donner sa portion de foin matinale, sachant que son avant-midi serait chargée. Eh oui, il était temps d'avoir un cavalier pour la première fois de sa vie sur son dos. Il en mangea donc une bonne quantité avant qu'Arnold vienne le chercher afin de le préparer.
Depuis quelques temps déjà, le militaire lui entraînait les bases. La longe n'avait plus de secret pour lui, et il démontrait déjà une allure vive, rapide et confortable. Le Colonel avait observé ses progrès de très près, tantôt accoudé à la clotûre, tantôt de ses propres quartiers, le temps de se changer les idées des nombreux papiers dont il devait remplir. Bien que son bureau soit propre et ordonné, chaque jours étaient aussi organisé que ceux d'un monarque. Un jour, il irait visiter le maire d'ailleurs. Ils allaient devoir discuter, tous les deux. Ensuite, on lui avait mis une selle sur le dos, afin de voir sa réaction, qui fut surprenante. Contrairement à plusieurs chevaux, Balios avait seulement sentit la selle sur son dos, puis avait attendu patiemment qu'on lui demande de bouger avant de le faire de lui-même. Arnold l'avait fait marcher, trotter, puis galoper avec la chose, sans même une ruade au passage, ce qui avait intrigué plusieurs soldats, qui se mirent à s'accouder autour du corral, curieux, jusqu'à ce qu'Arnold leur dise de retourner vaquer à leurs occupations.
Puis, aujourd'hui était le grand jour, celui où pas seulement une selle, mais un homme se poserait sur son dos. Le Colonel avait souhaité être le premier à le faire, et c'est ce qu'il fit, sous les recommandations du cow-boy. Il fit bouger les étriers d'un côté, puis de l'autre de Balios, sans qu'il ne se brusque. Le blond mit un pied à l'étrier et y mit un peu de poids, aucune nouvelle réaction. Lorsqu'il bondit pour pour mettre du poids avec son corps sur le siège, le poulain sursauta, mais sans plus.
- Doucement. La prochaine étape risque d'être intéressante !
Mentionna Arthur, tout sourire.
- Soyez prudent, mon Colonel.
Répliqua Arnold, prudent. Il savait qu'un jeune cheval pouvait être imprévisible, aussi calme soit-il au tout début.
Et s'est justement lorsque le grand homme monta enfin en selle que Balios commença à faire des sauts de moutons, puis des ruades. C'était plus pour tester lui-même son cavalier qu'il faisait cela, plutôt que par surprise. Il avait vu plusieurs chevaux faire ceci avant lui, ayant une très belle vue sur le corral depuis son boxe, mais le haut gradé tenait bon, tenant fermement le pommeau de la selle d'une main, l'autre dans les airs. Le jeune cheval cessa finalement ses folies et se calma enfin, avant de s'ébrouer longuement, son cavalier toujours sur le dos. Ce fut amusant, autant pour Balios que pour Arthur, et les deux étaient satisfaits. Ils allaient faire une belle équipe, tous les deux.
Pour finir, le militaire fit quelques tours de corral aux trois allures avec son cheval, mais sans plus. Le meilleur serait à venir, une vraie sortie à l'extérieur, avec d'autres chevaux. Arthur donna congé à Arnold, souhaitant s'occuper de sa monture seule. Il lui enleva son harnachement, puis le brossa longuement. Ils passèrent quelques instants comme ça ensemble, tous les deux, le temps de créer des liens. À voir ce que le futur leur apportera.