Si Atlante était ne serait-ce qu'un peu moins fière, elle traînerait pitoyablement du sabot à l'heure actuelle. Le soleil était accablant et elle pouvait parfaitement sentir Nora sur son dos se liquéfier sous les rayons ardents. La dame déjà peu ravit d'être traînée à travers les terres par un temps pareil, refusait tout bonnement que son cavalier décide de se reposer alors qu'elle galérait sous le soleil de plomb. Aussi s'ébroua t-elle soudainement, très satisfaite d'elle même quand Nora du se rattraper au pommeau de la selle pour ne pas finir à terre. Même la petite tape qu'elle reçu sur l'encolure en représailles ne fit pas bouger son humeur.
Elle put entendre Nora grommeler dans sa barbe alors qu'il lui faisait changer de direction d'une pression de la jambe contre son flanc.

Visiblement aussi conscient qu'elle du soleil au dessus de leur tête, l'homme avait décidé de les épargner tous les deux en leur faisant prendre la direction de la cascade du lac de crystal. L'embrun causé par la rencontre choc entre l'eau de la cascade et l'eau du lac les rafraichirais agréablement le temps que la journée laisse place à la nuit. Même si c'était risqué, leur but actuel était de rentrer à Goldfield pour ramener leurs trouvailles. Et qui transportaient lesdites trouvailles ? Elle !
Donc oui, elle n'était pas contre un peu de repos dans un endroit relativement frais merci beaucoup.

D'ailleurs quand ils arrivèrent sur place Nora s'empressa de sauter à terre pour s'étirer sous le regard impatient de sa jument qui, agacée qu'il l'oublie si rapidement, se fit un devoir de lui rappeler sa présence en saisissant le bout de sa manche entre ses dents pour le tirer en arrière. L'homme, ne s'y attendant pas vraiment se retrouva le cul par terre contre les antérieurs de sa monture qui le fixait d'un air impérieux et clairement dans l'attente de quelque chose.
Elle ne releva pas la soupir de son cavalier puisque quand il se leva, la première chose qu'il fit fut de lui retirer poches, selle et tapis, remplaçant sa bride par un licol lâche et une longue corde solidement nouée à un piquet planté dans le sol. Son allonge lui permettait d'accéder au lac mais aussi à certains points d'ombres, en gros ça lui permettait de faire sa vie pendant que Nora partait lui se reposer après avoir bu.

Après un certains temps à tourner en rond pour observer autour d'elle, Atlante jugea la situation pas si mal et partit enfin boire, plus que ravit quand l'eau la rafraîchit intérieurement. Une fois désaltérée la jument commença à s'assoupir, une sieste qui ne dura pas si longtemps puisqu'elle fut réveillée soudainement, lui faisant redresser l'encolure au plus haut alors que ses yeux fixait soudain intensément un élément du décor qui n'était pas là auparavant.

Si un autre cheval avait été là quelques instants plus tôt elle l'aurait vu, elle n'était pas aveugle non plus. D'ailleurs ce dernier l'avait aussi vu et quand la seule chose qu'il trouva à faire fut de soupirer et râler, Atlante prit la mouche. Déjà que de base elle n'aimait pas la compagnie des autres chevaux, si c'était eux qui se mettaient à mal lui parler où allait le monde ?

- Qu'est-ce t'as l'alburostre (blanc-bec) ? T'as peur qu'j'te grignote un bout d'flanc ? - railla la jument sans faire mine de bouger, les sabots solidement fichés dans le sol.

Atlante rabattit vivement ses oreilles en arrière, amorçant un geste brusque dans la direction du rustre qui se moquait d'elle. Elle se retrouva toutefois vite au bout de sa corde à sa plus grande frustration, la faisant taper du pied sèchement. Elle le fixa longuement après ça, déterminé à ce qu'il comprenne par son regard que si elle le pouvait, elle lui ferait tôt ou tard comprendre à quel point la narguer était une mauvaise idée.

- Et c'pour ça qu'tu partais la queue ent'e les jambes hein ? Elle est bien grande ta gueule faraud, mais t'flippé d'faire face à un aut'e sauvage. - elle cracha depuis le bout de sa corde, les muscles tendus et au combien désireuse de lui faire ravaler son toupet.

Littéralement, elle pensa en le voyant tourner la tête dans sa direction, les crins collés au chanfrein avec un air idiot. Mais qu'est-ce que cet étalon avait dans le crâne ? Sa soudaine perplexité mixée à son agacement profond modifia son langage corporel. Bien que toujours postée dans une attitude menaçante, ses oreilles firent plusieurs mouvements de va et vient pour exprimer son... sa.. juste sa perplexité face à un tel comportement.
Elle n'aimait pas être ignorée, elle n'aimait pas non plus qu'on la prenne pour une conne et encore moins qu'on balaye ses paroles et son comportement comme le caprice d'un poulain impertinent. Et cet étalon la tournait en dérision comme si ses paroles et ses avertissements n'étaient rien qu'un jeu et non pas quelque chose de sérieux.

Ses propres pensées la firent tiquer et comme elle se trouvait bloquée par sa corde, tapa une nouvelle fois du sabot, donnant un coup de cul frustré en lui tournant le dos et en s'éloignant, décidée à ignorer son existence même tant qu'il serait dans les parages. Elle échappa un 'tch' profondément agacée en jetant un bref regard dans la direction de Nora, contente de le voir endormi loin de l'intrus.
Sa robe maintenant trempée par l'embrun ne brûlait plus sous l'impitoyable soleil en plus de ne plus voir l'autre corniaud, améliorant son humeur.

Un peu, fallait pas abuser non plus.

Barbie ? Poupée ? Esclave ? Ha ! Mais laissez la rire ! Et c'est ce qu'elle fit, riant au nez du canasson. C'était loin d'être un beau rire. Cassant et moqueur, sa voix naturellement rauque et rêche rendant le tout particulièrement dérangeant.

- T'peux bien critiquer c'que tu veux ma façon d'vivre, c'pas comme s'j'étais née sauvage ! - elle lui sourit vicieusement, un brasier ardent dans les yeux - Et c'pas pour pas qu'j'm'enfuis qu'Nora m'a attaché, c'parce qu'il sait à quel point j'ai horreur d'corniauds dans ton genre et qu'j'les attaquerais bien sans vergogne. -

Elle pouvait appeler Nora. Elle le pouvait et voulait tellement le faire. Ces sauvageons prenaient de haut les chevaux dressés par les hommes, mais ces mêmes hommes les amenaient au delà de leurs limites, les poussaient au delà de tout ce qu'un cheval sauvage pourrait jamais accomplir seul. Elle était une jument dressée pour l'équitation western, elle était aussi sauvage que rustre et violente dans ses mouvements et ses prises de décisions.
Si elle réveillait Nora maintenant et qu'il voyait monsieur toupet, elle était sur qu'il comprendrait ce qu'elle voulait faire. Atlante était un jument extrêmement violente avec peu de limites. Mais elle n'était pas méchante pour autant. Elle était juste tellement sanguine que sa première réaction était toujours l'attaque. Alors à moins d'être épuisée ou démoralisée, elle ne risquait pas de chercher une autre approche. C'était un peu sa façon de communiquer, aussi tordue soit elle.
Dans un combat il n'y avait pas de place pour porter un masque et se paraître de belles paroles, de beaux gestes. Il n'y avait plus que l'instinct et la vérité qui comptait.

La jument s'agita au bout de sa corde, le souffle fort et plus rapide. L'idée était excitante. Ce n'était pas comme si elle allait chercher à horriblement blesser l'idiot qui se prenait pour un poisson, ni même à le tuer loin de là. Elle s'exprimait juste terriblement mal oralement et préférait apprendre à connaître un autre cheval de l'unique façon qu'elle avait jamais reconnu efficace, l'affrontement.
Il lui était déjà arrivée de ne même pas porter un seul coup à son adversaire parce que ce dernier était figé devant elle, terrifié.

Elle n'était pas un monstre, ce n'était pas parce qu'elle n'aimait pas la compagnie des autres qu'elle allait les attaquer sans raisons. Il lui était même arrivée à elle de battre en retraite parce que des chevaux plus sanguins qu'elle ça existait.

Mais si un cheval insistait à rester dans son périmètre, il fallait qu'il lui montre à quel point il était déterminé.

Fiou, elle s'enflammait toute seule là, sa tête faisant des allers-retours entre l'étalon et Nora alors qu'elle pesait les pour et les contres. Si elle réveillait son cavalier, la flippette partirait très probablement en courant, ce qui dans son état l'énerverait très profondément. Mais en même temps en voyant l'état de sa jument, Nora la laisserait probablement montrer à ce fanfaron que tous les chevaux dressés ne faisaient pas que 'jouer les durs'.

Ou alors Nora refuserait et attendrait qu'elle se calme, la forçant dés lors à ronger son frein jusqu'à revoir l'idiot trempé, en imaginant qu'ils se revoient un jour.
Elle fixa alors monsieur crâneur en émettant plusieurs sons courts mais gagnant en intensité, son intention évidente alors qu'elle observait sa réaction, prête à tout arrêter si il faisait le moindre geste pour s'enfuir.