Où était-il ? Cela faisait plusieurs jours que Aiko s'était éloigné du camp. Cela faisait tout juste un an et demi que le guerrier et la petite Fauve, plus si petite que ça d'ailleurs, l'avaient ramené avec eux au sein de la tribu Nashoba. Mais il était vieux, peut-être même un peu sénile et il lui arrivait de se perdre parfois. Il n'allait jamais très loin. Sauf cette fois visiblement. Comme les enfants n'arrêtaient pas de le chercher, une petite avait même fondu en larme sous ses naseaux, l'étalon se sentait obligé de mener l'enquête. Il était comme ça. Les petits étaient sa plus grande faiblesse.

Le frison s'était éloigné, loin, très loin des terres de son gardien. Il avait traversé les terres des sauvages et fait un détour par le Ranch de West Point, espérant croiser Insanus sans grand succès. Par contre il avait trouvé les traces du passage d'Aiko. La vile créature était aller vraiment loin, ce n'était pas comme lui. Ce vieux pépère préférait passer ses journées à se prélasser au soleil plutôt que de courir avec les chasseurs pour traquer le gibier.

Le voyage n'était pas terminé d'ailleurs. Il poursuivait plus au Nord en direction des terres de la harde, là où Cheveyo avait fait la rencontre de Ferliya et sa demie-soeur Esdraël. Il n'était pas forcément le bienvenu sur les terres de la harde même si la frisonne l'avait invité. Les autres chevaux étaient parfois assez protecteurs de leurs terres. Mais il avait une mission ! Il devait retrouver Aiko. L'étalon ne rebrousserait chemin qu'avec le chien ou la confirmation qu'il ne reviendrait plus jamais.


Il progressait sur les terres de la harde depuis un petit moment lorsque le fumet de son ami canin chatouilla ses naseaux. Cheveyo releva la tête, les oreilles en avant. Enfin ! Il accéléra le pas avant d'entendre une voix s'élever. Il n'aurait su dire à qui elle appartenait, pas un équidé connu. Arf ce fichu clebs s'était créé des problèmes. Il accéléra le pas, Aiko ne survivrait pas à une attaque, il était trop vieux pour ça le pauvre. Il fallait lui porter secours au plus vite.

Le grand mâle déboula dans la prairie et aperçu enfin son camarade. Le chien faisait face à un cheval aux allures menaçantes. Cheveyo n'aimait pas la tournure que prenait les évènements. Il se lança dans un galop puissant, lançant un hennissement pour prévenir de son arrivée imminente. L'étalon s'interposa entre le chien et le membre de la harde, évitant de se prendre un coup ou d'en donner.

" Oh là doucement. Il ne t'a rien fait ce pauvre chien. "

Sa voix n'était pas menaçante ni froide, il citait juste des faits sur un ton qui se voulait apaisant. Le jeune étalon cherchait simplement à calmer le jeu.

Le frison sentit l’hostilité venant de l’étalon gris aux crins immaculés. Il était beau. Cette pensée surpris Cheveyo, il n’était jamais le premier à remarquer ce genre de détail. Mais le physique de l’équidé qui lui faisait face l’avait marqué. Peut-être un tout, son attitude, sa posture, qui sait. Le guerrier secoua doucement la tête pour se concentrer de nouveau sur la situation. Il devait garder la tête froide pour réagir de façon correct et désenclencher l’escalade des tensions.

Aiko se trouvait à présent derrière le grand mâle ébène, il s’était assis, fatigué de sa longue excursion, content que quelqu’un vienne finalement le trouver. Il était temps de rentrer à la maison, il devait avouer s’être un peu perdu.

« Je m’appelle Cheveyo, et lui c’est Aiko. Nous venons de la tribu Nashoba. »

Déclara-t-il en désignant le chien derrière lui.

« Ne t’inquiètes pas on s’en va. J'ai trouvé ce que j'étais venu chercher. »

Rassura-t-il, il n’était absolument pas question de commencer une guerre.
Il savait que les chevaux sauvages se sentaient souvent menacés par ceux qui côtoyaient les humains.

« Il s’est simplement perdu, tu sais comment sont les vieillards séniles, à oublier où ils vont … »

Murmura discrètement le frison en désignant du regard la pauvre bête qui avait effectivement l’air d’être bien fatiguée et un peu paumée.

« Tu peux peut-être m’indiquer le meilleur chemin pour quitter ces terres ? »

Demanda-t-il pour savoir quel serait le sentier le plus rapide, mais également celui qui dérangerait le moins cet étalon.