Le père de Lysandra était l’un des rares et puissants étalons de la race Rocky Mountain qui ait décidé de quitter sa harde, dont il était le chef, pour mener une vie de solitaire en compagnie d’une mustang. L’étalon était blanc, à la crinière argentée, passant aux yeux des hommes superstitieux pour un esprit, et pour les autres comme un animal d’exception, qui jamais n’approchait des tribus . Il avait donc quitté ses montagnes du Nord Ouest pour descendre dans les grandes plaines où vivaient Lakotas et Cheyennes. Son fils qui lui était semblable tant pour l’allure que pour la fermeté de son comportement lui interdit de revenir jamais, car l’entier avait ‘’trahi’’ leur race en fuyant de leur terre natale avec une jument qui n’était pas de leur sang.
Sa mère était en effet une Tennessee Walker élevée dans un élevage bordant un fort de la cavalerie U.S., qui fournissait des montures aux militaires notamment aux officiers. Elle n’hésita pas à quitter une vie de reproduction bien rangée aux côtés des humains, séduite par l’attitude de l’entier.
Ils s’enfuirent, ne risquant pas une vie sur l’ancien territoire du Rocky Mountain, et menèrent à l’écart de tous leur propre histoire.

Et Lysandra en fut la conséquence.
Née un beau matin d’hiver, la belle libératrice comprit rapidement la noblesse de sa race, l’importance de la liberté aux yeux de son père et de ceux qu’elle considérait au commencement comme les siens, à savoir les représentants de sa race. Elle grandit en toute sérénité, vivant avec ses deux parents. Devenant yearling, elle commença à prendre conscience de ses capacités physiques, et désira retourner auprès de la harde de son père. A l’insu de celui-ci, Lysandra galopa jour et nuit seule vers les montagnes...Elle s’y enfonça, cherchant longuement la harde où son demi-frère régnait. Car l’histoire lui avait été narrée par son père, qui avait toujours été clair sur son histoire.
Découvrant enfin après des heures à se perdre dans ce terrain inconnu le troupeau de Rocky Moutains, la belle yearling chercha à intégrer et connaître son demi-frère. Mais celui-ci méprisait sa cadette, cherchant à la chasser. Il craignait qu’elle ne veuille reprendre les rênes du pouvoir, même si elle n’était pas légitime. Car lui même était qu’un tyran que les membres de la harde détestait, regrettant l’époque de son père. Et les chevaux avaient foi en la belle nouvelle venue.
Comme ils l’espéraient, Lysandra ne perdit pas la face et chercha à combattre pour la liberté des siens. Mais un étalon plus âgé, qui tenait d’une main de fer son troupeau, ne se laissa pas faire et parvint à la faire fuir. Affligée, la yearling revint dans les grandes plaines. Bien qu’elle parcoure les lieux familiers de ses parents, elle ne les retrouva pas. Jamais, pour ainsi dire. Ils avaient disparu.
Seule, brisée par tous ses échecs, Lysandra se reforgea un caractère basé sur l’importance de la liberté, son dédain pour tous ceux qui infligeaient la soumission des chevaux, fussent-ils ses semblables ou humains.

Un jour, fêtant ses 3 ans, la jument aux crins argentés tomba nez à nez sur une jeune femme. Nesrin, Rose Sauvage, qui avait capturé les prunelles grises dans la sienne. Elle se contenta de lui parler, longuement, doucement, sans jamais approcher. Lysandra fut intriguée, et satisfaite du respect de l’humaine envers elle. Au fil des jours et des rencontres, Nesrin parvint à faire entrer la jument sauvage dans un paddock de sa tribu. La Cheyenne était ravie de s’être liée d’amitié avec une telle créature, qui faisait impression parmi les siens. Mais quand elle tenta jour après jour de la faire vivre comme une de la monture, la sauvage devint de plus en plus farouche et violente.
Nesrin comprit que la jument ne supportait aucun équipement ni clôture, et s’essaya à la monte libre. Et cela paya ! Une confiance s’établit à nouveau. Lysandra se montra d’une rare intelligence à comprendre les aides de la jeune femme, et d’une loyauté sans borne. La petite tribu suivait une vie tranquille, jusqu’à l’attaque des militaires.
Revenant d’une longue randonnée dans les plaines, la jeune femme vit une sombre fumée s’élever dans le ciel, et pressa sa monture...Malheureusement c’était trop tard. Nesrin n’avait plus de famille, plus de lieu de vie...Elle était dévastée.

Aujourd’hui la jeune femme vit avec sa monture, la chevauchant sans équipement. D’ailleurs, souvent l’instinct sauvage de Lysandra revient, et la belle s’éloigne de son humaine.
La Cheyenne vit de chasse, de vente de peau et de la connaissance étendue des plantes qui font d’elle une guérisseuse et une chasseuse de bonne trempe.

UPDATE

Rien de très neuf, en deux années. Beaucoup de voyages, quelques rencontres. Toujours une équipe soudée avec sa cavalière.
Lysandra a peut-être gagné en sagesse au sujet de sa quête visant à libérer les chevaux en rencontrant des montures heureuses dans leurs vies domestiquées.

L'apport de Tennessee Walker dans le sang de la jument lui a conféré d'élégantes allures et la capacité d'ambler. Quant au côté Rocky Mountain, elle en a hérité le gène silver. Ce gène courant pour la race mais rare au dehors est à l'origine de sa crinière argentée, avec des nuances plus sombre sur le toupet et la queue.
Sa robe est d'un beau gris soutenu qui s'éclaircit sur son ventre avant de s'assombrir à nouveau sur ses jambes, qui sont d'ailleurs dénuées de quelconque balzane. Les seules taches sont celles qui ornent son poitrail, ou en forme de gigantesques griffures sur son dos. Ses yeux sont d'un gris métallique mais très lumineux, avec une forme un peu particulière et cerclés de noir.