« On m’a donné tant de noms, fait connaître tant de sentiments… Mais qui suis-je au fond ? »


Connora du Domaine de la Rosière est née dans le «Domaine de la Rosière», propriété de monsieur Armant, un riche éleveur français installé en Normandie. Elle est la descendante de O’connell et d'Adama de la Rosière, deux prestigieux trotteurs français particulièrement réputés sur les champs de course et possédant un palmarès impressionnant.

Quand la pouliche montra le bout de son nez, monsieur Armant veilla à ce qu'elle ne manque de rien et qu'elle soit en parfaite condition pour l'avenir que lui réservait celui-ci. Elle était destinée aux hippodromes et aux courses, comme ses ancêtres. Monsieur Armant avait en tête de remporter les prix les plus prestigieux et avait mis tous les moyens pour créer une pouliche parfaite.

Quand elle eut 3 ans, elle fut donc débourrée puis on commença sérieusement l'entrainement.
Sur les pistes, elle semblait plutôt rapide, avait de magnifiques allures et était très endurante.
Elle enchaînait des chronos plutôt impressionnants, bien qu'elle fût encore loin des records que détenaient ses parents.

Les mois passèrent et un jour, elle participa à sa première course. Celle-ci se déroula sans encombre et Connora remporta la première place.
Dès lors, elle déchaîna la passion des foules et les paries étaient de plus en plus élevés et nombreux.
Monsieur Armant était assez content des résultats de sa pouliche mais ce n'étaient là que de petites courses et non des compétitions prestigieuses.

Elle continua à suivre des entraînements de plus en plus rudes entre deux courses dont le niveau était lui aussi de plus en plus élevé. Le propriétaire lui supportait de moins en moins les échecs.

A l'âge de 5 ans, Connora fut inscrite à l'une des courses les plus réputées du monde.
L’hippodrome ou devait se dérouler cette dernière se trouvait à Austin, au Texas.
Le transport se déroula donc en bateau et dura plusieurs jours.
Pour monsieur Armant, se fut un moment difficile à supporter car sa pouliche ne pouvait s'entraîner. C'était une affreuse perte de temps pour lui.

Le grand jour arriva apres un an d'entraînement acharné. La foule, plus bruyante que d'habitude, agaçait et effrayait quelque peu les trotteurs présents pour cette occasion. Tous les gradins étaient remplis, et tous contemplaient leurs tickets en priant pour que ce soit les gagnants.

Quand une sonnerie retenti, le jockey grimpe sur Connora et se place dans les starting-blocks.
Conora lui semblait un peu stressée mais le garçon était confiant.
Quand les portes s'ouvrirent brusquement, tous les participants s'élancèrent dans un trot endiablé.

La pouliche se hisse rapidement parmi les premiers sous les cris et applaudissements d'une grande partie du publique. Elle maintient un trot parfait.

Les tours s'enchaînent et la pouliche commence à faiblir quelque peu mais sous les coups de cravache de son cavalier, elle se classe à nouveau dans le trio de tête.
Les spectateurs poussent un soupir de soulagement alors que la course s'achève bientôt.
Quand le dernier tour vint enfin, Connora transpirait et ses naseaux grands ouverts semblaient peiner à trouver de l'air. Ses muscles faiblissent et font ralentir le trot.
Elle baisse à nouveau dans le classement.

A ce moment, monsieur Armant se précipite a la barrière et hurla au Jockey de la reprendre.
Celui-ci tenta de redonner un peu de motivation à la jument en la cravachant mais cette fois, elle ne rattrapa son retard.
Elle termina la course sixième, sous les contestations des parieurs ruinés et sous les sifflements.
Fou de rage et déçu, monsieur Armant décida de vendre la pouliche.
Aussi étonnant que ce soit, la pouliche fut rachetée par un médecin américain assez riche et cherchant un cheval pour sa fille. Il s'agissait de monsieur Anderson.

Connora fut vendue pour 10.000 dollars et fut rebaptisée Olivia par Taylor, la fille de monsieur Anderson.

La jeune fille tenta d'apprendre de nouvelle discipline, principalement le dressage, a la jeune jument mais celle-ci, trop habituée à la vitesse et l'endurance et de par ses origines était beaucoup trop nerveuse et excitée pour apprendre des choses aussi gracieuse et pleine de légèreté.

Passe une nouvelle année et la jument est agée de 7 ans.

La jeune fille travailla avec la jument, sans résultat apparent.
Perdant de plus en plus sa patience et son sang-froid, la jeune fille s'arma d'éperons en plus de sa cravache et lorsque sa monture n’obéissait pas, elle lui donnait de gros coups d'éperons dans le ventre.

Un jour, alors que Taylor travaillait avec Olivia, elle donna le coup d'éperon de trop et la jument la désarçonna en se cabrant violemment.
Taylor peina à rattraper la jument qui, craignant désormais la jeune fille, tentait de la fuir en galopant et en ruant. C'est après que la jument soit calmée que l’employer de la maison la rentra a l’écurie.

A présent, la jeune fille délaissait complètement Olivia. En trois semaines, elle n'est venu la panser que cinq fois et cette semaine-là elle n'était pas venu du tout.

Un soir, à la tombée de la nuit, la jeune fille se rendit dans le box de la jument.
Malheureusement, ce n'était pas par regrets pour toute cette violence. Elle attacha la jument très courte à l'intérieur de son box, prenant soin de lui lier solidement les membres.

Scène légèrement violente :

Le lendemain matin le père de la jeune fille se rendit dans le box de la jument, souhaitant jeter un coup d'œil par curiosité à la bête qu'il avait achetée.

Il trouva la jument étendue, encore tremblante. Il s'agenouilla près d'elle, hurlant au majordome d'appeler un vétérinaire de toute urgence et la police également.
Quand il retira les liens de la jument, cette dernière rassembla ses dernières forces pour se lever et se mit à ruer et à se cabrer avant de fuir.

Elle courut aussi vite que possible, malgré ses membres blessés et sa vue diminuée.
Le sang ne cessait de teinter sa robe de rouge par endroits.

Après une semaine de cavale, épuisée et ses blessures ne faisant qu'empirer, elle s'écroula.
Alors qu'elle pensait avoir vécu son dernier galop, elle vit se dessiner plusieurs silhouettes à l'horizon. Deux indiens, probablement des chasseurs, approchaient.
Cette fois, Olivia ne put fuir. Elle était trop faible, presque mourante.

Avec l'aide d'autres indiens, la jument fut ramenée au camp et malgré le peu d'espoir qu'ils avaient, ils décidèrent de la soigner. Il fallut un très long moment à la jument pour se remettre de ses blessures mais après un an et certainement un miracle, elle avait retrouvé ses forces et ses membres avaient retrouvé un peu de solidité. Cependant, elle ne faisait presque plus confiance aux hommes et encore moins aux femmes, les associant à celle qui l'avait martyrisée.

Les indiens, avec leur infinie bonté soignèrent au mieux la jument mais elle ne pouvait plus etre d'une grande utilité pour le camps. Elle pouvait a peine etre montée et à peine tirer de lourdes charges. Quand a ses rapports avec les animaux de son espèces, ils etaient toujours très tendus. La bête était beaucoup trop nerveuse et craintive.

Les chasseurs qui l'avaient trouvée eurent la bonne idée de la troquée contre quelques objets utiles à un homme solitaire et pacifiste qui passait sa vie a croquer les differents paysages du Cimarron tout en excellant dans l'art du troque embulant. Ce dernier avait besoin d'un cheval afin de l'aider a porter son barda. Une tache plus adaptée a la situation de la jument.

Avec le temps, la jument tachetée lia une amitié très forte avec le solitaire qui prenait soin d'elle. Il ne faisait jamais de mouvements brusques et usait toujours d'une voix calme et apaisante.

L'homme la baptisa une nouvelle fois et la jument décida que ce serait le dernier que l'on lui donnerait. Désormais, elle s'appelle Voodoo.

De son passé, elle garde de grosses marques. Des poils manquants à certains endroits, des cicatrices encore bien visibles à d'autres, une boiterie qui ne disparaîtra jamais et surtout un œil monstrueux, désormais aveugle et encore injecté de sang tout autour de son iris bleu clair.
Ce dernier, caché presque en permanance, n'est que très légèrement ouvert et recouvert d'une large cicatrice.

Elle n’oubliera jamais cette nuit de terreur qui marqua son corps aussi profondément. Ou elle s’est sentie… comme une poupée vodou…


– Don't you want to be a monster too? –

Voodoo est souvent confondue avec une appaloosa a cause de sa robe blanche tachetée de noir, surtout sur l’arrière main. Son poitrail , sa tête et ses antérieurs sont complètement dépourvus de taches. Comme beaucoup de chevaux dont la robe est claire, elle a le nez et autres extrémités roses. Ses crins sont blonds.

La forme de son corps, elle, ne trompe pas sur la race de la jument.
Elle mesure 1m70 au garrot, possède un dos relativement court et une arrière-main puissante.

Pendant ces longues années ou elle faisait encore des courses, elle était très musclée et fine, sans que ses côtes n'apparaissent pour autant.

Comme beaucoup de chevaux venant d'élevages prestigieux, elle fut marquée d'un "R" sur l'épaule. C'est le symbole du Domaine de la Rosière.

Après sa longue période de convalescence, son corps a subi quelques changements.
Elle est recouverte de cicatrices un peu partout mais les plus grosses sont surtout sur le côté gauche de sa tête. Elle ressemble à un patchwork ou un grand puzzle.
Les humains ont dû la recoudre eux même avec une petite aiguille, d’où son nom.

Voodoo manque aussi de poils par endroit et sa queue a été coupée pour faciliter ses soins.

La jument a perdu peu à peu de sa masse musculaire.

Il ne lui reste plus que son œil droit, de couleur bleu pour voir normalement. L’autre est presque caché en permanence sous une bande de tissus. Son iris est toujours bleue et sa pupille noire, mais le reste est rouge, injecté de sang après avoir été blessé par son ancienne cavalière.